Test The Banner Saga

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PS4

Financé par une campagne Kickstarter couronnée de succès et auréolé par une réputation d'excellence, The Banner Saga a d'abord été annoncé sur PSVita lors du PlayStation Experience avant de glisser sur PlayStation 4 et Xbox One. La mouture portable est toujours d'actualité et Sony va personnellement prêter main forte au studio Stoic pour que le portage se fasse rapidement et proprement. En attendant, vous pouvez y jouer tout de suite sur grand écran contre 19,99 euros.

Le viking boit. La caravane passe.

A peine la partie démarrée qu'un écran de texte nous met en garde : l'histoire de The Banner Saga est évolutive selon les choix que le joueur fait et le destin de plusieurs personnages jouables sont entre ses mains. Cette histoire, c'est celle d'un monde viking fantastique qui sent bon la mythologie, avec ses géants à cornes, ses noms imprononçables et ses étendues enneigées baignées par un soleil qui refuse de se coucher. On y incarne tour à tour des Varl (ces fameux géants) et des humains dans leur lutte contre le retour des Dredges, un ennemi commun autrefois exilé dans les plaines du Nord. De cette fragile alliance entre hommes et géants naîtra une histoire intéressante à suivre sur plusieurs chapitres dans lesquels le joueur doit faire des choix moraux parfois lourds de conséquences, parfois sans grand impact. Un peu à la manière des livres dont vous êtes le héros, certaines phrases écrites en italiques nous décrivent les actions / réactions des personnages suite à nos choix, prenant ainsi le relais à des dialogues manquant cruellement d'animations.

La direction artistique a beau être remarquable avec des planches dessinées en 2D proches des vieux Disney ou du jeu Dragon's Lair, les personnages sont statiques durant les phases narratives et faiblement animés durant les combats. Un manque flagrant de mise en scène qui dénote sans doute un manque de moyens du studio Stoic mais qui rend les scènes non doublées (mais sous-titrés en français pour les amoureux de lecture) rapidement soporifiques et quelque peu austères à l'heure où les jeux essayent de plus en plus d'intégrer la narration au cœur du gameplay (via des journaux audio par exemple) ou au moins en la rendant dynamique via des cut-scènes doublées et inspirées du cinéma. Là c'est beau mais c'est fixe, muet et sourd, la musique clairement dans le folklore étant quelques fois trop discrète.

Entre deux phases de dialogues, le voyage nous fera arpenter une carte du monde à la Game of Thrones pour passer d’une destination à l’autre à bord de notre caravane, puis naviguer sur une carte locale pour aller d’un endroit à l’autre du village / ville / forteresse. Ces haltes permettent de se reposer, de s’entraîner, d’armer ou d'améliorer son équipe et de commercer avec les autochtones. Chaque jour de marche consomme des vivres alors il faut régulièrement refaire le plein pour éviter de perdre des personnages en chemin, probablement mort de faim ou bouffer par les autres. Le repos améliore le moral des troupes et restaure les points de vie si bien que la gestion de vos déplacements requiert un minimum de stratégie pour ne pas mourir sur la route ou arriver à demi-mort à destination, surtout si c'est pour combattre une fois arrivés sur place.

The Bruce Banner Saga

Évidemment, en tant que jeu de rôle tactique, les combats occupent une place de choix dans The Banner Saga. Se déroulant au tour par tour sur un damier, les affrontements commencent par une phase de placement de vos soldats. Une fois le top départ donné vous devez déplacer et faire agir un premier soldat avant que l’adversaire fasse de même, puis de nouveau un de vos soldats et ainsi de suite jusqu'à la victoire ou l'échec. L'alternance des actions entre vos troupes et celles de l'ennemi est respectée jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un soldat debout. A ce moment le jeu entre en mode pillage, modifiant la répartition des tours aléatoirement. Petite originalité, le titre permet de porter un coup à la force des ennemis ou de s'en prendre à leurs armures pour les fragiliser afin de faire plus de dégâts à la chaire (leurs points de force en gros). Les points de force correspondent autant à leur santé qu'à la puissance des coups donc plus un soldat s'approchera de la mort et plus ses coups seront faibles, ce qui paraît logique.


En combat il existe également des points de volonté, ces derniers servant à dépasser la limite théorique de vos déplacements en grignotant les dalles jaunes au-delà des bleues mais également à booster une attaque en y plaçant un certain nombre d'étoiles de volonté, le nombre maximum d'étoiles étant déterminé, lui, par la statistique « effort ». En plus de l'action « attaquer », une option « destruction » indépendante de vos points de force peut également être dopée par des points de volonté pour détruire des armures plus rapidement. Enfin, vous devez vous en douter avec un tel background culturel, vos troupes sont réparties en plusieurs classes (guerrier, archer, combattant, protecteur….), elles-mêmes divisées en sous-classes, octroyant à chacune des capacités spéciales et des aptitudes passives. Chaque héros peut ainsi tirer son épingle du jeu selon la situation, un archer étant par exemple bien utile pour des attaques à distance.

Vos victimes vous rapportent des points de renommée que vous pourrez dépenser ensuite pour améliorer vos personnages ou pour acheter des vivres pour vos futurs déplacements. Là-encore un soupçon de tactique est nécessaire si vous ne voulez pas prendre la route avec des soldats d'élites qui mourront de faim durant le trajet. Les amateurs de tactical-RPG en auront donc pour leur argent (en payant le double des autres versions, minimum) sur une douzaine d'heures mais les moins patients risquent de décrocher bien vite devant la lenteur des affrontements, le manque de dynamisme des dialogues et la confusion qui règne parfois sur les combats rapprochés malgré la présence d'un zoom. Dans la mêlée, il est parfois peu évident de s'y retrouver et de désigner le bon ennemi à frapper. Autant de petits défauts qui seront, espérons-le, corrigés dans la suite d'ores et déjà programmée sur PC et consoles.

Notre verdict

On aime

  • Une direction artistique solide
  • Des dilemmes moraux
  • Des combats tactiques
  • La gestion de sa caravane
  • Traduit en français

On n'aime pas

  • Les dialogues non doublés et non animés
  • Affrontements un peu lents
  • Confus en combats rapprochés
  • Bien plus cher que sur les autres supports

Avec un peu de retard et un prix bien plus élevé, The Banner Saga sort sur consoles avec les mêmes charmes et disgrâces que sur les autres supports. Si la dimension stratégique est bien présente durant les combats un peu lents et la gestion de nos voyageurs, les dialogues réduits à des planches fixes non doublées pourront endormir les habitués à des mises en scène bien plus percutantes. La direction artistique, les choix moraux souvent importants et le scénario prenant qui se poursuivra dans le second volet mettront, eux, tout le monde d’accord sur leurs qualités intrinsèques.

Note finale : 7.5 / 10
Les commentaires
Le
Un test assez juste. Je le conseille pour ses qualités et pour encourager l'équipe de développement.

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