Plus que tout autre genre, le point'n'click a la réputation d'offrir régulièrement des univers farfelus pleins de fantaisie et d'humour. On peut citer sans se tromper des séries comme Monkey Island, Leisure Suit Larry, Deponia, Sam & Max ou le duo Mania Mansion / Day of the Tentacle. C'est cet aspect cartoon, tant dans la représentation graphique que dans les gags visuels, qu'on retrouve aujourd’hui dans Détective Gallo sur PlayStation 4.

Un privé chez les poulets

Réalisé par FootPrints Games pour Adventure Productions, Détective Gallo est un point'n'click en deux dimensions aux graphismes de dessin animé simples mais illustrés et animés à la main. La direction artistique légère, colorée, et le character design aux allures d'épisode de la Bande à Picsou (les personnages sont des poulets donc pas trop éloignés des canards), donnent à ce titre un aspect que n'aurait sans doute pas renié Walt Disney. Bien sûr le ton est un peu plus cru et mature qu'une histoire de la firme aux grandes oreilles avec notamment des références aux addictions et aux crimes, mais visuellement nous sommes dans le ton. On y incarne un détective taciturne directement inspiré des personnages de film noir. Le genre de privé à chapeau et imper, bourru, désagréable, bordélique, qu'on a toujours l'impression de déranger. Pour sa nouvelle enquête c'est le riche propriétaire d'une collection de plantes rares qui nous demande de trouver l'auteur d'un planticide. En effet, ses précieuses boutures qu'il considère comme ses enfants ont été massacrées par un inconnu sans motif apparent. A nous de trouver le coupable en récoltant des indices, en taillant le bout de gras avec tous les passants et en glanant tout ce qui peut l'être dans la plus pure tradition du genre. La rétribution sera généreuse, l'acompte est déjà conséquent.

Les deux fondamentaux du gameplay « cliquer et pointer » répondent présents. D’un côté on passe notre temps à entretenir des conversations interrogatives avec nos concitoyens (et notre indicateur par téléphones interposés), de l'autre on « emprunte » tous les objets des décors qui ne sont pas fixés, on les combine quelquefois entre eux et on les utilise toujours à bon escient au moment opportun pour ne pas passer pour un idiot. L'inventaire rétractable se situe en haut de l'écran, ce qui permet de fouiller dedans sans sortir de l'action et sans gêner la visibilité. La politique de la poche sans fond fonctionne ici, la gabardine du privé pouvant recevoir tout un bric-à-brac sans craquer. Homme de principe, notre avatar n'hésite pas à nous harceler avec ses règles d'or du bon détective quand on prend un peu trop de liberté. Il n'hésite pas non plus à briser le quatrième mur en nous faisant des remarques cinglantes quand on combine tout et n'importe quoi pour tester.

La prise en main se fait à l'aide du curseur d'une souris virtuelle qu'on balade sur l'écran avec le stick analogique gauche ou directement en laissant glisser notre doigt sur le pavé tactile de la DualShock 4. Cliquer sur le touchpad ou sur le bouton Croix sert à interagir avec l'environnement (saisir un objet, entamer le dialogue) quand le bouton Rond est sollicité pour examiner les choses afin d'en obtenir un bref descriptif. Pour être certain de ne rien oublier, le bouton R2 – autrement appelé Gallo-sens – fait apparaître une petite loupe sur tous les éléments de l'écran dignes d'intérêt. Une aide précieuse, qui, couplée aux objectifs et aux commentaires de notre coéquipier piquant (le cactus fétiche du détective qu'il garde dans sa poche) dans le menu Pause permet de nous débloquer facilement de toutes les situations. Les énigmes sont relativement simples et logiques, destinant l'aventure à un jeune public. Dommage alors que les dialogues ne soient pas doublés en français mais seulement en anglais ou italien et sous-titrés dans la langue de Molière, ce qui aurait pu le rendre encore plus accessible aux têtes blondes. En l'état il faut évidemment savoir lire pour en profiter.

C’est la danse des poulets

Les contrôles à la manette se substituent bien au mulot d’un ordinateur (la vitesse de déplacement est réglable) pour une prise en main optimale, surtout avec le pavé tactile. Les temps de chargement sont courts entre chaque écran – ce qui est pratique compte tenu des allers-retours inhérents au genre – et les questions à poser changent de couleur quand on en connaît déjà les réponses pour ne pas se répéter. L’ergonomie n'est donc pas critiquable. En revanche la durée de vie de l'enquête n'est pas folichonne avec entre quatre et cinq heures de gameplay sur la balance. C'est un peu chiche pour 14,99€ (11,99€ pour les membres du PlayStation Plus jusqu'au 28 août) et pour un genre généralement habitué à plus, mais le titre se rattrape avec un rythme sans temps mort et un humour noir pas désagréable. Le gallinacé est sarcastique au possible et parvient régulièrement à nous arracher un sourire. L'ambiance décontractée est aussi propagée par une bande son de 50 minutes de jazz dans l'esprit d'un polar des années 1940-50. Il faut aimer le genre mais impossible de dire qu'il n'est pas approprié.

Pas inoubliable mais très plaisant à parcourir, Détective Gallo est une bonne adresse pour les adeptes du point'n'click qui auraient déjà écumé tous les ténors du genre et pour les jeunes pousses qui voudraient s'adonner à la discipline sans prise de tête. Notez pour conclure que le studio MixedBag Games responsable de ce portage a manifesté en février dernier sa volonté de développer une version PlayStation Vita de ce titre dont nous n'avons toujours aucune nouvelle. L'espoir est donc permis tout en gardant les pieds sur terre pour éviter une nouvelle déception sur la nomade de Sony.