Test Death Stranding

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PS4

Quatre ans après la sortie de Metal Gear Solid V : The Phantom Pain qui signait la fin de la longue collaboration entre Hideo Kojima et Konami, l’heure est enfin venue de découvrir le dernier bébé (un terme fort à propos !) du célèbre créateur qui prouve avec Death Stranding qu’il n’a rien perdu de son inventivité. Préparez-vous à découvrir un univers étonnant et torturé qui ferait presque passer les Metal Gear pour des jeux réalistes, servi par un gameplay à la fois évolutif et cohérent mais parfois mis à mal par un rythme mal dosé.

Vous êtes Sam Porter, un livreur de l’entreprise Bridges qui a fort à faire depuis que les Etats-Unis ont été victimes du Death Stranding. Cette série d’explosions a non seulement décimé une partie de la population, mais elle a aussi et surtout anéanti les infrastructures qui permettaient auparavant aux habitants de la planète de communiquer et de s’échanger des biens. Votre employeur compte sur vous pour régler les deux problèmes simultanément en assurant le transport de marchandises entre les quelques sites isolés encore en activité, et en les reconnectant une fois sur place à une nouvelle infrastructure baptisée le réseau chiral. Une traversée des USA d’est en ouest qui ne sera évidemment pas de tout repos !

Un monde hostile

Il faut dire que le Death Stranding n’a pas seulement privé l’humanité de ses moyens de communication : il a aussi ouvert une brèche entre le monde des vivants et celui des morts ! Des spectres plutôt belliqueux baptisés Échoués apparaissent désormais lors d’épisodes pluvieux, détectables uniquement par certains humains porteurs d’une capacité appelée le DOOMS. Coup de chance Sam fait partie des rares spécimens doués de cette faculté, mais elle reste trop peu puissante pour remplir la mission qui lui a été confiée. Entre alors en jeu le Brise-Brouillard ou BB, un dispositif abritant un fœtus immergé dans un liquide auquel Sam peut se connecter. Celui-ci détectera immédiatement toute présence d'Échoué dans les parages, et la signalera par l’intermédiaire de l’odradek, un bras articulé pointé vers la menace et changeant de couleur en fonction de sa distance. De quoi permettre à Sam de contourner l’obstacle, ou bien de le frôler en retenant sa respiration, du moins jusqu’à ce qu’il dispose des équipements permettant de l’affronter.

Lorsque par malheur notre homme est détecté par l’ennemi, celui-ci tente de l’atteindre par un projectile gluant rappelant vaguement un jet de pétrole. S’il atteint sa cible, c’est une véritable mare qui se forme au sol, des silhouettes engluées fondant alors sur Sam pour l’entraîner au fond. A lui de tenter de les repousser tout en gardant l’équilibre (nous y reviendrons), un échec étant synonyme d’une transformation profonde de l’environnement qui se trouve alors envahi par le liquide noirâtre précédemment évoqué duquel apparaissent des Échoués bien plus imposants et puissants. S’il sera plus tard dans l’aventure possible de les exterminer, il est préférable dans un premier temps de fuir jusqu’à ce qu’ils veuillent bien disparaître !

Bien sûr ces spectres ne seront pas la seule menace guettant Sam durant son périple : plusieurs groupes d’humains, aux motivations diverses mais jamais très honorables, ont en effet établi des camps autonomes en différents lieux plus ou moins stratégiques du pays et surveillent leurs environs. Évidemment vos déplacements vous obligeront à passer non loin de ces installations, voire carrément à y pénétrer pour récupérer des marchandises, et vous aurez alors la possibilité d’opter pour une approche discrète (à la Metal Gear, toutes proportions gardées) ou pour un assaut plus frontal (au corps-à-corps ou avec un arsenal d’armes létales ou non). Quelques séquences résolument orientées TPS ainsi que des combats de boss sont aussi de la partie, mais nous ne nous étalerons pas sur le sujet pour préserver le plaisir de la découverte. Sachez tout de même que dans l’ensemble les affrontements n’ont rien d’insurmontable, et qu’aucun d’entre eux ne marquera les esprits comme avaient pu le faire en leur temps ceux de Metal Gear Solid pour rester dans la famille des titres signés Kojima.


Vous l’aurez compris les mauvaises rencontres sont légion dans le monde de Death Stranding, et les occasions de mourir logiquement nombreuses. Heureusement Sam dispose d’une sympathique particularité : il ressuscite immanquablement après chacune de ses morts en passant par l’Abysse, sorte de fond marin dans lequel votre esprit suivra le fil qui le relie à votre corps pour vous permettre de revenir dans le monde des vivants. On vous avait prévenus, Hideo Kojima a toujours un penchant pour le baroque !

Un périple éprouvant

Mais venons-en maintenant à ce qui constituera l’essentiel de votre activité dans ce monde torturé : les livraisons. Chaque lieu encore habité dispose d’un terminal sur lequel vous pouvez examiner les commandes disponibles, et notamment le type des marchandises à livrer, leur poids total, leur destination, et d’éventuelles instructions spéciales. Ces dernières varient selon la cargaison mais peuvent inclure un temps limite pour des denrées périssables (qui a dit une pizza ?), une méthode de transport particulière (à la main, à plat...) ou encore de précieux conseils pour éviter l’échec (ne pas se cogner au décor quand on transporte une ogive nucléaire !).

A vous donc de choisir les commandes que vous souhaitez honorer (certaines font avancer le scénario quand d’autres sont complètement optionnelles) puis de passer au chargement des marchandises : Sam peut agencer les paquets transportés comme il le souhaite (en essayant autant que possible de respecter les instructions évoquées plus haut), avant de vérifier son équipement (pensez à prendre des bottes de rechange, elles s’usent vite !) puis de se mettre en chemin. Bien sûr la capacité de chargement de notre homme est limitée, mais il pourra en avançant dans l’aventure utiliser des exosquelettes et des charriots flottants permettant de transporter plus de marchandises en un seul voyage. Différents véhicules (motos, camions...) pourront aussi être utilisés, mais ne seront d’aucun secours dans les régions les plus accidentées où quelques errements dans la gestion des collisions vous donneront souvent du fil à retordre. A noter que tous ces outils nécessitent de l’énergie fournie par des batteries, qui s’épuiseront à l’usage et devront donc être régulièrement rechargées.

Une fois dehors, vous serez totalement libre quant à l’itinéraire permettant de rallier votre destination. Irez-vous droit au but en ligne droite pour minimiser la durée du voyage ou préfèrerez-vous contourner une montagne ou une zone dangereuse pour éviter tout accident de parcours ? Votre prestation étant évaluée notamment sur le délai de livraison et sur l’état des marchandises, à vous de trouver le bon compromis !

Si vous pensiez que les déplacements de Sam se limiteraient comme dans n’importe quel autre jeu à monde ouvert à l’utilisation du stick gauche, sachez qu’Hideo Kojima a judicieusement décidé de vous compliquer la tâche : le poids de votre cargaison, le dénivelé et la nature du terrain (bitume, terre, boue, neige...) sur lequel vous marchez, et même le vent ont en effet un impact direct sur sa maniabilité, vous obligeant à constamment ajuster son équilibre en cas de chargement trop important. Chaque main est assignée à une gâchette (L2/R2) que vous devrez utiliser pour contrebalancer les effets de la gravité. Une utilisation simultanée des deux mains vous permettra certes d’avancer sans aucun risque de chute, mais votre vitesse sera alors sérieusement réduite : encore une fois, ce sera à vous de gérer au mieux tous ces facteurs pour privilégier la vitesse ou la sécurité. L’endurance de Sam doit aussi être prise en compte lorsqu’il gravit des pentes fortes ou traverse des cours d’eau : la jauge correspondante apparaît dès que notre homme fait un gros effort et son niveau baisse alors plus ou moins rapidement selon son intensité. Si jamais elle se vide complètement, vous tomberez et perdrez tout ou partie de votre chargement qui sera au passage endommagé !

Pour faciliter sa progression, Sam peut utiliser les imprimantes reliées au réseau chiral pour fabriquer différentes pièces d’équipement : il lui suffit pour cela d’utiliser différentes ressources glanées durant ses livraisons. S’il ne peut au départ recourir qu’à de simples échelles et à des ancres d’escalade pour franchir falaises et précipices ou faire des descentes en rappel, il apprendra par la suite à construire un tas d’autres dispositifs comme des ponts, des tours de guet, des tyroliennes, des générateurs (pour les batteries), des boîtes à objets et même des refuges. Ces derniers vous permettront, comme dans les lieux habités, de rejoindre votre chambre privée afin de vous y reposer, de prendre une douche et de satisfaire vos besoins naturels. N’allez toutefois pas croire que ces derniers points tiennent du simple clin d’œil : vos fluides et excréments seront récupérés pour fabriquer différents types de grenades qui se révèleront ensuite bien utiles sur le terrain !

L’union fait la force

Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que le système multijoueur asynchrone de Death Stranding vous permet de profiter des installations laissées par d’autres joueurs : pour peu que vous soyez connecté à la toile, votre progression pourra ainsi être guidée par des panneaux indicateurs, ponctuée par des smileys ou facilitée par les constructions mentionnées plus haut. Sachez d’ailleurs qu’il est possible de remercier vos confrères pour le coup de pouce en martelant le pavé tactile de la manette, ce qui augmentera leur compteur de likes !


Vous pourrez aussi prendre en charge les livraisons non accomplies par d’autres joueurs en plus de celles de la trame principale et des commandes optionnelles : un bon moyen d’augmenter votre réputation (une fois de plus mesurée en likes) auprès des différents lieux de vie, ce qui vous permettra de débloquer les plans de nouveaux gadgets ou d’améliorations pour ceux déjà obtenus.

Une mise en place un tantinet longuette

Aussi étonnant que cela puisse paraître si vous avez déjà jeté un œil à la note figurant en bas de page, nous avons longtemps douté du potentiel de Death Stranding pendant nos sessions de test. Hideo Kojima a en effet opté pour une approche ultra lente du développement de son intrigue, qui permet certes de poser tranquillement les bases de son univers mais a pour effet pervers de transformer les quinze premières heures de l’aventure en tutoriel géant : les livraisons s’enchaînent alors sans que l’on ne comprenne vraiment leur intérêt, et ce n’est que très (trop ?) tard dans le jeu que la mayonnaise finit par prendre. On attend alors avec impatience le prochain rebondissement, la prochaine révélation, jusqu’à ce que le générique de fin apparaisse autour des 40 heures de jeu (il vous en faudra certainement le double pour le terminer ensuite à 100% !).

A vrai dire, Death Stranding semble prendre le contrepied de la quasi-totalité des productions actuelles qui dévoilent trop souvent tout ce qu’elles ont à offrir durant leurs premières heures pour accrocher le joueur : il faudra ici endurer les souffrances de Sam en espérant qu’elles s’atténuent quelque peu par la suite, et accepter de ne recevoir les informations qu’au compte-gouttes pour, peut-être, avoir ensuite une vision plus globale de votre aventure. La bonne nouvelle est que l’enrichissement du gameplay et les révélations qui vous sont faites forment un tout parfaitement cohérent, et vous avez donc toutes les chances d’être vous aussi happés par le jeu si vous faites l’effort d’y investir suffisamment de temps. Petite mise en garde toutefois pour les allergiques aux pensées socio-technico-méta-philosophiques d’Hideo Kojima qui retrouveront ici cet aspect parfois décrié de l’auteur.

Une prestation technique convaincante

Basé sur le Decima Engine développé par Guerrilla et parfaitement exploité dans Horizon : Zero Dawn, Death Stranding propose logiquement un rendu très convaincant malgré une colorimétrie globalement austère directement liée au côté post-apocalyptique du monde dans lequel évolue Sam. Seules quelques prairies apportent un peu de verdure en l’absence d’arbres et de buissons, le reste du décor étant composé de boue, rochers et autres montagnes. Quelques cours et chutes d’eau apportent un peu de mouvement en plus des intempéries (pluie, neige), l’environnement étant par ailleurs dépourvu de toute vie animale. Le jeu offre malgré tout quelques superbes panoramas grâce à sa distance d’affichage confortable, et reste parfaitement fluide en toute circonstance, y compris lorsque les Échoués les plus imposants envahissent l’écran.

Les personnages modélisés d’après de vrais acteurs, Norman Reedus (Daryl dans The Walking Dead) en tête pour Sam, sont criants de vérité et font forte impression durant les nombreuses (mais maîtrisées) cinématiques qui supportent la narration. Les amateurs de Super-Jaimie seront sans doute heureux de retrouver la Lindsay Wagner de l’époque en plus de sa version actuelle, tandis que Léa Seydoux, Mads Mikkelsen ou encore Troy Baker sont parfaits dans leurs rôles respectifs.

La bande son n’est pas en reste avec des bruitages d’ambiance réussis et des doublages en français globalement convaincants, mais aussi et surtout des musiques envoûtantes pour la plupart composées par Low Roar. Celles-ci démarrent aléatoirement durant vos pérégrinations pour accompagner votre longue marche solitaire, mais peuvent aussi être parcourues librement quand bon vous semble via un menu dédié.


Signalons enfin qu’après plusieurs dizaines d’heures de jeu il nous arrivait toujours d’effectuer une mauvaise manipulation dans certains écrans du menu du jeu, la gestion de la cargaison, des commandes ou encore de la fabrication des équipements n’étant clairement pas un modèle d’ergonomie.

Notre verdict

On aime

  • L’univers fouillé, barré mais cohérent
  • La narration maîtrisée
  • Quelques superbes panoramas
  • Le multijoueur asynchrone
  • Une grosse durée de vie
  • La bande son

On n'aime pas

  • Quelques longueurs frustrantes
  • Les combats sans grand challenge
  • Une ergonomie (menus, véhicules) perfectible

Bien curieux objet vidéoludique que ce Death Stranding qui prend tout son temps pour poser le décor avant d’enfin trouver son rythme, au risque de décourager les joueurs les plus pressés qui pourraient bien décrocher avant que les choses ne deviennent intéressantes. Ceux qui persévèreront découvriront non seulement un univers ultra-fouillé et un scénario bien ficelé, développé par des cinématiques parfaitement mises en scène, mais aussi un gameplay qui s’enrichit au fil du temps tout en conservant de bout en bout une parfaite cohérence. Un titre atypique signé Hideo Kojima qui, une fois encore, risque bien de diviser les foules !

Note finale : 9 / 10
Les commentaires
Le
Superbe test! Il donne vraiment envie.

« il vous en faudra certainement le double pour le terminer ensuite à 100% ! »

Ça sous entend un NG+?
Le
Non, juste qu’il y a tellement de contenu optionnel qu’il faudra bien 40h de plus pour espérer tout faire ! :)
Le
Ca ne t’a pas trop emmerdé le depart hyper lent et toutes les contraintes au debut vis a vis de la gestion du poids et de l’usure équipement/batterie ?
Le
Bon test mais toujours pas intéressé, après MGSV je n'arrive plus à adhérer au rythme et à la narration de Kojima.

Je vais y "jouer" sur YouTube.
Le
Pouet a écrit : ven. 1 nov. 2019 22:33 Ca ne t’a pas trop emmerdé le depart hyper lent et toutes les contraintes au debut vis a vis de la gestion du poids et de l’usure équipement/batterie ?
La lenteur de la mise en place m’a gêné (au point que j’avais dit à Vincent que je ne voyais pas trop l’intérêt du jeu !), mais les choses ont changé après le chapitre 3 (mais on ne peut pas en dire plus avant la sortie du jeu en raison de l’embargo !).

D’ailleurs je trouve cet embargo à tiroirs un peu débile - si j’avais du juger Death Stranding sur ses 3 premiers chapitres je ne suis pas certain que je lui aurais mis la moyenne ! :P
J-WeL972 a écrit : ven. 1 nov. 2019 22:38Je vais y "jouer" sur YouTube.
Je suis sceptique sur l’intérêt de regarder quelqu’un jouer à DS - tu vas voir un mec qui marche 80% du temps ! :P
Pad en main c’est différent parce que tu dois gérer l’équilibre de Sam - si les déplacements s’étaient effectués aussi facilement que dans un Assassin’s Creed je pense que le jeu aurait perdu beaucoup de sa saveur. :)
Le
Ce test de vendu.
Le
:mdr: :mdr: :mdr:
Faut bien vivre ! :P
Le
Eric a écrit : ven. 1 nov. 2019 22:47 Je suis sceptique sur l’intérêt de regarder quelqu’un jouer à DS - tu vas voir un mec qui marche 80% du temps ! :P
Pad en main c’est différent parce que tu dois gérer l’équilibre de Sam - si les déplacements s’étaient effectués aussi facilement que dans un Assassin’s Creed je pense que le jeu aurait perdu beaucoup de sa saveur. :)
Comme pratiquement tous les jeux, l'intérêt c'est d'y jouer et non de regarder. Je peux comprendre que le fait d'y jouer pad en main joue beaucoup sur l'implication du joueur, c'est comme pour Ico, le regarder n'a aucun intérêt. Après est-ce qu'à l'instar de Ico l'intérêt du jeu passe essentiellement dans la maniabilité de Sam ?
Le
Sephi a écrit : ven. 1 nov. 2019 23:21Ce test de vendu.
:lol:
Le
J-WeL972 a écrit : ven. 1 nov. 2019 23:26Après est-ce qu'à l'instar de Ico l'intérêt du jeu passe essentiellement dans la maniabilité de Sam ?
Ben au final non, mais pendant une grosse partie du « tutoriel » de 15h oui. :P
Après découvrir l’histoire du jeu sur YouTube après le chapitre 3, pourquoi pas. :)
Le
Merci Eric pour ces précisions :)
Le
Eric le niveau de porteur sert a quoi dans le jeu ? A améliorer le gameplay dans le sens plus de vie et l’on peut porter plus de choses?

Jeux concernés

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