Test Assassin's Creed Valhalla

Publié le par
PS4

Après une pause de deux ans destinée à éviter toute lassitude chez les joueurs suite aux sorties coup sur coup des épisodes Origins et Odyssey, la série Assassin’s Creed d’Ubisoft revient aujourd’hui en force et nous propose une immersion au cœur du monde Viking de la fin du 9ème siècle. Les fiers guerriers du nord désormais à l’étroit dans leur Norvège natale semblent bien décidés à conquérir la verdoyante Angleterre, dont les dirigeants locaux ne l’entendent évidemment pas de cette oreille !

Si la série nous avait déjà permis d’incarner au choix un homme ou une femme (on pense bien sûr à Kassandra et Alexios dans Odyssey, mais aussi à Jacob et Evie dans Syndicate), ce nouvel opus propose une variation intéressante en offrant trois possibilités concernant votre personnage baptisé Eivor : il peut au choix être une femme, un homme, ou bien tantôt l’un et tantôt l’autre selon l’arc narratif joué. Sans trahir de grand secret sachez que cette troisième option nous paraît la plus judicieuse pour des raisons que nous tairons afin d’éviter tout spoiler, et qu’elle fera d’Eivor une fière guerrière pendant la majorité de l’aventure.

L’histoire d’une conquête

C’est évidemment en Norvège que vous débuterez votre périple et ferez la connaissance de votre héroïne : devenue orpheline suite à l’attaque de son village par un clan rival, c’est finalement auprès du roi Styrbjorn et de son fils Sigurd qu’elle grandira et s’affirmera comme une redoutable combattante au sein du clan du Grand Corbeau. Mais lorsque son frère d’adoption se voit privé de ses droits à la tête du clan suite à une manœuvre politique de son père, elle décide de le suivre jusqu’en Angleterre afin d’y installer une colonie Viking prospère. Le duo embarque donc une poignée d’amis sur quelques langskips (bateaux longs souvent assimilés au terme plus générique de drakkar), et met le cap sur des terres plus verdoyantes et fertiles où plusieurs compatriotes ont déjà entamé les opérations de conquête.


Le premier objectif de nos voyageurs sera d’ailleurs de rendre visite à Ubbe et Ivar, fils du célèbre Ragnar Lodbrok dont vous avez peut-être suivi les aventures grâce à la série Vikings. Malheureusement les deux hommes ont depuis longtemps quitté leur campement situé en Mercie lorsque Sigurd et Eivor l’atteignent, et c’est logiquement là, au cœur de l’Angleterre, qu’ils décident d’installer leur colonie en rebaptisant au passage le lieu en Ravensthorpe (le village du Corbeau). Conscients de leur position précaire dans un pays en proie à de multiples guerres territoriales, ils chercheront alors à nouer des alliances avec les régions alentours, servant tantôt les intérêts des Danois et tantôt ceux des Saxons.

On note là l’une des premières originalités de Valhalla par rapport à ses prédécesseurs qui proposaient une aventure principale largement linéaire, avec de nombreuses quêtes annexes apportant certes un peu de variété mais souvent complètement déconnectées de l’histoire globale. Ici l’objectif est d’installer durablement le clan du Corbeau en Angleterre, et chaque entreprise d’alliance fait office d’arc narratif à part entière permettant justement de diversifier les thématiques sans pour autant perdre de vue votre mission principale. Vous œuvrerez ainsi pour la pérennité de la colonie de bien des manières, par exemple en aidant une jarl à démasquer celui de ses capitaines qui l’a trahie, en permettant à un prétendant au trône d’une région d’en déloger l’actuel occupant, ou même en jouant les facilitateurs de divorce ! Cerise sur le gâteau la traque des membres de l’Ordre des Anciens (l’ancêtre de celui des Templiers pour les distraits) est elle aussi bien intégrée à la trame principale, même si l’intrigue se déroulant dans le présent risque encore une fois de diviser les foules.

Un gameplay particulièrement riche

Quoi qu’il en soit, les différentes missions entreprises par Eivor mélangent habilement les possibilités offertes par le gameplay de ce nouvel opus, à commencer par les méthodes d’infiltration reprises des premiers volets de la série : non seulement la lame secrète (désormais affectée à R1) permet à nouveau de tuer n’importe quel ennemi en un seul coup (un QTE est nécessaire pour les plus résistants), mais surtout vous pouvez à nouveau tenter d’approcher votre cible de manière furtive en vous dissimulant dans la foule ou en vous attelant à des tâches en rapport avec les éléments du décor. Bien sûr il faudra prendre garde à ne pas courir ou sauter partout devant les sentinelles alentours, ni même trop s’en approcher sous peine d’être démasqué. Eivor peut compter sur sa vision d’Odin pour faire apparaître les menaces en surbrillance dans son environnement, mais son corbeau Synin se montre moins performant que l’aigle Ikaros de Kassandra (Odyssey) qui permettait aussi de les marquer.

Les combats ont quant à eux eu droit à un petit lifting tactique puisque vous devrez désormais compter avec une jauge d’endurance directement inspirée de celle des Souls de From Software. Les esquives (Carré), les blocages (L1) et les coups puissants (R2) feront baisser son niveau, jusqu’à vous laisser très vulnérable aux coups adverses lorsqu’elle sera complètement vide. Rassurez-vous il suffit d’éviter ces manœuvres pendant quelques secondes pour que le niveau remonte automatiquement, un comportement qui n’est en revanche plus d’actualité pour votre jauge de vie : si celle-ci se reconstituait dès que vous quittiez un combat dans Odyssey, il faudra cette fois consommer des rations (automatiquement stockées en ramassant des baies durant vos pérégrinations) pour retrouver toute votre vitalité ! Heureusement les ennemis sont plus dangereux par leur nombre que par leur intelligence, et vous pouvez toujours compter sur vos aptitudes (L2 ou R2 + bouton coloré) qui déclencheront différents coups particulièrement efficaces en puisant dans votre jauge d’adrénaline.

Et quoi de mieux pour exploiter à fond ce système de combat repensé que des assauts contre des forteresses ou des raids contre des villages et monastères côtiers ? Ces deux types de séquences à grand spectacle offrent une variation des guerres de territoires d’Odyssey, et impliquent donc un grand nombre d’alliés et d’ennemis sur le terrain. Les forteresses abritent généralement une cible de choix synonyme de combat de boss et nécessitent en premier lieu que vous affaiblissiez les défenses de la citadelle tels que les archers, les chaudrons d’huile bouillante ou les espringales (des arbalètes de grand format montées sur pied). Vous pourrez ensuite plus tranquillement utiliser un bélier pour enfoncer les portes qui vous bloquent le passage, ou détruire les attaches d’un pont-levis pour que celui-ci s’abaisse ! Plus directs dans leur approche, les raids consistent simplement à éliminer tous les soldats ennemis afin de piller les richesses alentours. Vous récupèrerez ainsi de précieux matériaux de construction qui vous permettront de faire évoluer votre colonie.

Des éléments de RPG remaniés

Car à l’instar de certains des précédents volets de la série, vous pourrez améliorer Raventhorphe en y construisant de nouveau bâtiments comme une forge, une ferme à bétail, une écurie, une brasserie, une volière, un salon de tatouage ou encore un bureau des Assassins. Si certains ne serviront qu’à accroître les avantages temporaires obtenus lors de l’organisation de banquets (pratique avant de s’attaquer à une mission difficile), d’autres vous donneront accès à de nouvelles activités ou quête annexes.  

Bien sûr votre progression dans le jeu vous permettra d’engranger de l’expérience qui se matérialisera par des points de compétences servant à faire évoluer Eivor, le jeu adoptant un système rappelant le sphérier de Final Fantasy X avec un point de départ central duquel émanent trois branches baptisées voie du Corbeau (infiltration), voie de l’Ours (combat) et voie du loup (un savant mélange des deux). Chaque point de compétence ainsi dépensé fera monter le niveau de puissance de votre héroïne, qui dictera vos chances de survie face aux différents ennemis rencontrés : inutile d’espérer battre un ennemi d’une zone à la puissance élevée en début de partie, le crâne rouge surmontant sa barre de vie indiquant que vous n’avez aucune chance de parvenir à vos fins !

Côté équipement, l’aspect loot du précédent volet a été remplacé par toute une panoplie de pièces d’armure et d’armes dont vous ferez évoluer la qualité (bonne, supérieure, légendaire, mythique) grâce à des lingots (carbone, nickel, tungstène) et la puissance (deux niveaux de plus pour chaque qualité) avec d’autres matières premières (cuir, fer, titane). Comme par le passé, revêtir les cinq éléments (cape, armure, casque, brassard, braies) d’un même type d’équipement vous confèrera des bonus et vous pourrez aussi augmenter le nombre de flèches transportées dans votre carquois ou la capacité de votre besace à rations. A noter la possibilité de vous équiper au choix d’une arme et d’un bouclier ou de deux armes parmi lesquelles des haches, des étoiles de fer ou encore des lances.

Une durée de vie conséquente

Si les différents éléments présentés jusqu’ici confèrent déjà une belle durée de vie à Assassin’s Creed Valhalla, sachez que les développeurs n’ont pas oublié d’inclure de multiples activités facultatives que vous découvrirez au gré de vos pérégrinations en Angleterre. Pour peu que vous ayez opté pour la difficulté d’exploration par défaut (Explorateur), les lieux d’intérêt seront signalés sur votre boussole et votre carte par des points lumineux de différentes couleurs : jaune pour les richesses, bleu pour les mystères et blanc pour les artefacts. Il faudra vous en approcher pour en connaître la véritable nature (lingots, carte au trésor, objet romain... une petite trentaine de possibilités tout de même !), ce qui transformera le point lumineux en icône plus explicite. Les moins patients pourront opter pour le mode Aventurier qui leur proposera davantage d’icônes afin de savoir vers quoi ils se dirigent, tandis que les plus téméraires auront droit au mode Éclaireur qui ne leur donnera qu’un minimum d’information.


Sans dresser la liste complète des activités qui vous attendent, sachez que vous pourrez par exemple vous adonner à un « jeu à boire » consistant à marteler le bouton Croix pour vider le plus rapidement possible plusieurs cornes d’hydromel tout en gérant votre équilibre chancelant au stick gauche. Plus poétique, la joute verbale vous demandera de compléter correctement les vers de votre adversaire, en respectant rythme et rimes, ce qui vous permettra en cas de victoire d’augmenter votre niveau de charisme et ainsi de résoudre certains problèmes par la parole plutôt que par la hache ou l’argent. Un jeu de dés plutôt sympathique baptisé Olrog est aussi de la partie, ainsi que la cueillette de champignons hallucinogènes qui vous feront vivre des expériences... atypiques ! La chasse et la pêche sont aussi au programme, avec le retour d’animaux légendaires à affronter, tandis que les mercenaires des précédents volets cèdent ici leur place aux Zélotes, tout aussi redoutables. Sachez aussi que la Guilde des Mille Regards vous proposera régulièrement des contrats à durée limitée permettant d’engranger de l’opale, une monnaie spéciale servant à acheter des objets rares sur le marché noir. Les « Évènements du monde ouvert » font quant à eux figure de mini-quêtes souvent amusantes, avec ici une référence au Gollum du Seigneur des Anneaux ou là un jeu de mot sur les noms des personnages (le chasseur Degolas qui enduit ses flèches d’excréments de cochon, ce qui désespère sa femme Proppa).

Bien sûr les richesses mentionnées plus haut seront la plupart du temps enfermées dans des coffres plus ou moins bien cachés, qui nécessiteront cette fois (contrairement aux précédents opus) de se creuser un peu la tête pour les atteindre : passer par un souterrain, trouver une planche fragile sur une façade de la maison ou utiliser un explosif pour faire sauter un mur, autant de mini-puzzles qui viennent apporter un peu de piment. Et c’est sans compter sur les coffres verrouillés par un ou plusieurs cadenas dont il faudra localiser les clés (votre vision d’Odin sera là encore bien utile) pour espérer s’emparer de leur contenu !

Vous l’aurez compris de nombreuses distractions vous attendent entre deux missions liées à votre conquête de l’Angleterre. C’est bien simple, il est si difficile de ne pas s’écarter de la trame scénaristique principale pour découvrir tous ces petits à-côtés qu’il nous aura fallu pas loin d’une soixantaine d’heures pour atteindre le générique de fin du jeu (ce qui explique au passage la publication tardive de notre test !) sans même en avoir exploré les moindres recoins. Précisons au cas où que les batailles navales qui nous avaient tant séduits dans Odyssey sont ici aux abonnés absents, l’essentiel des déplacements en langskip s’effectuant il est vrai sur des rivières plutôt qu’en pleine mer.

Techniquement solide mais peut-être un peu à l’étroit

Comme à leur habitude, les équipes d’Ubisoft ont déployé de gros moyens pour offrir au joueur un terrain de jeu aussi varié et vivant que possible. Le résultat est saisissant, avec des villages anglais superbement modélisés au sein desquels la population s’adonne à ses activités quotidiennes, et une campagne tout aussi convaincante grâce à une végétation fournie et une faune omniprésente : certes vous croiserez des sangliers, loups et autres ours qui vous donneront peut-être du fil à retordre, mais les lièvres, renards, biches, poissons et oiseaux divers vous permettront de réellement plonger au cœur de l’Angleterre de la fin du 9ème siècle. Pour ne rien gâcher les textures habillant tout ce petit monde sont de bonne facture, et les effets lumineux globalement réussis. L’animation limitée à 30 images/seconde sur PS4 Pro est globalement stable, même si quelques ralentissements et de rares freezes viennent parfois semer la zizanie.

La bande son du jeu est tout aussi agréable grâce à de jolis bruitages d’ambiance et des dialogues en français convaincants, tandis que des musiques aux accents forcément Vikings viennent soutenir les moments les plus importants de votre périple.

A vrai dire, seules deux petites fautes techniques viennent entacher une performance par ailleurs très réussie. D’abord, comme souvent avec des titres de cette envergure, de nombreux bugs et autres glitches viennent tantôt nuire à l’immersion et tantôt carrément empêcher la progression du joueur : on pense dans le premier cas à un langskip qui vole au-dessus de la rivière, et dans le second cas à une mission qui refuse de passer à l’objectif suivant alors que le précédent a pourtant été validé. Rien qui ne puisse être corrigé avec un ou plusieurs patchs ceci dit. Plus problématique sur l’ancienne génération de consoles, les temps de chargement sont longs, très longs : comptez près d’une minute à chaque utilisation du voyage rapide, ce qui risque fort de contrarier les adeptes des trophées de platine qui mettront forcément un point d’honneur à récupérer tous les objets à collectionner du jeu ! En la matière, il est probable que seul un passage à la nouvelle génération soit en mesure d’améliorer leur expérience.

Notre verdict

On aime

  • L’impressionnante durée de vie
  • Une Angleterre du 9ème siècle visuellement séduisante
  • Les différents arcs narratifs bien conçus
  • Un petit côté best-of très réussi
  • La réalisation globalement solide

On n'aime pas

  • Les temps de chargement beaucoup trop longs
  • L’IA souvent prise en défaut
  • Quelques bugs et autres glitches
  • L’absence de loot ne plaira pas à tout le monde

Treize ans après la sortie de son tout premier volet et forte du second souffle trouvé avec Origins et Odyssey, la série Assassin’s Creed nous offre un épisode Viking particulièrement réussi qui reprend à son compte les forces de son prédécesseur mais se permet aussi de remettre au goût du jour certaines des idées de ses plus lointains aïeux. Un petit côté best-of assumé qui séduira forcément les fans de la première heure, d’autant que les changements ainsi apportés sont à la fois mesurés et pertinents. Ce nouvel opus se paie en outre le luxe d’améliorer encore un système de combat déjà convaincant, et d’inclure un contenu conséquent lui conférant une excellente durée de vie. Certes le tableau n’est pas parfait en raison de quelques bugs et de temps de chargement qui finissent par lasser sur les consoles de huitième génération, mais ces petits soucis techniques ne suffiront certainement pas à empêcher la pépite d’Ubisoft de trouver son public.

Note finale : 9 / 10
Les commentaires
Le
Un peu plus de 60h de jeu et je suis plutôt très d'accord avec ce test !
Le
Ce serait bien de préciser dans les "on aime pas" que c'est spécifique à la PS4 pour les temps de chargement :p
Sur PS5, RAS et ca fait bien plaisir.
Le
Je te déteste.
Le
Dans les défauts je mettrai quand même l'escalade/parkour.

C'est toujours le même que dans les deux derniers opus sauf qu'ici on s'en sert bien plus souvent et généralement dans des endroits resserrés pour chercher les chemins à un coffre.

Y a des moments je rage comme il faut avec toutes ces imprécisions dans ces phases.
Le
MeWa a écrit : lun. 30 nov. 2020 10:41 Dans les défauts je mettrai quand même l'escalade/parkour.

C'est toujours le même que dans les deux derniers opus sauf qu'ici on s'en sert bien plus souvent et généralement dans des endroits resserrés pour chercher les chemins à un coffre.

Y a des moments je rage comme il faut avec toutes ces imprécisions dans ces phases.
ba je trouve que c'est le même problème pour tous les AC :D
Ces putain de courses pour choper les plans de tatouage la, des fois c'est n'importe quoi. Je sais pas jamais s'il faut rester appuyer sur X ou tout lacher pour passer sur une autre branche ou sauter sur un truc précis. Elles me saoulent, je les foire 1 fois sur 2 :o
Le
Ouais mais dans les précédents, on s'en servait beaucoup moins donc ça passait au second plan.
Là les frustrations sur ces phases c'est quasi à chaque session de jeu.
Le
Pouet a écrit : lun. 30 nov. 2020 09:12 Sur PS5, RAS et ca fait bien plaisir.
Un mini-test PS5 arrive ;)
MeWa a écrit : lun. 30 nov. 2020 10:41 Y a des moments je rage comme il faut avec toutes ces imprécisions dans ces phases.
Non mais ça c'est un problème de skills. :P
Le
Les pages de tattoo qu'il faut suivre bordel, qu'est ce que c'est lourd.
Le
Finalement, ça me donne envie. Mais je vais clairement attendre quelques patchs, je suis du genre à foirer ma progression même quand y'a pas de bug :D

Jeux concernés

Publicité