Test The Witness

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PS4

Révélé pour la première fois en février 2013 durant la présentation publique de la PlayStation 4, le mystérieux The Witness de Jonathan Blow est enfin disponible sur la console de Sony.

Connu pour son précédent titre Braid, un jeu de plateforme / réflexion basé sur la manipulation du temps disponible sur consoles et PC, Jonathan Blow aura pris tout son temps pour mener à terme le développement de The Witness, ce jeu d’exploration / puzzle étant en gestation depuis au moins 2009. Le voici enfin entre nos mains après avoir déboursé la coquette somme de 36,99€. Pour un titre dématérialisé indépendant, nous ne sommes pas loin du record. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

L’île Myst-érieuse

Une personne amnésique se réveille sur une île inhabitée qui ne demande qu'à être explorée, celle-ci étant parsemée de puzzles à résoudre pour s'en échapper. Si la comparaison avec un certain Myst paraît évidente, The Witness opte pour une approche radicalement différente en balayant de la main tout le background scénaristique qui permettrait d'en apprendre plus sur cette terre perdue au milieu de l'océan. Oubliez les bibliothèques de documents à lire, les cinématiques ou les journaux audio à foison, le titre fait délibérément l'impasse sur les ressorts habituels de narration pour envelopper son univers d'un voile de mystère. La présence d'Ashley Johnson (la fameuse Ellie de The Last of Us) entre autres acteurs au casting vocal entrouvre néanmoins la porte à quelques confessions en anglais, même si celles-ci se révèlent aussi rares qu'absconses, comme le fragment d'un puzzle de 1000 pièces qu'on trouverait derrière le canapé du salon. Ne vous attendez pas à une histoire riche et explicite mais seulement à des bribes d'informations sujettes à interprétation un peu comme dans Everybody's Gone to the Rapture.


Cette absence de justification à notre errance est-elle pénalisante ? Tout dépend de votre sensibilité mais il faut bien admettre qu’un fond d’histoire régulièrement disséminé pour motiver notre progression et stimuler les recherches n'aurait pas été de trop. En l'absence de dialogue, de musique, de personnage à rencontrer ou de forme de vie animale à croiser par hasard dans la nature, la solitude devient pesante même si on imagine qu'elle est voulue par les développeurs. Au moins, comme rien ne vient perturber notre concentration, nous pouvons nous focaliser sur la résolution de plus de 500 puzzles faisant pour la plupart intervenir un curseur virtuel sur des grilles de commandes. Les premiers ressemblent à des labyrinthes avec une entrée et une sortie à relier comme on en trouve dans les livres d'enfants. Les chemins se tracent au stick analogique, sans jamais se couper, en suivant une règle tacite. Les choses se corsent rapidement quand on tombe sur des serrures aux mécanismes de prime abord incompréhensibles. Inutile de s'attarder dessus en laissant faire le hasard, mieux vaut poursuivre son exploration et revenir plus tard, quand on aura une idée plus précise de la logique. Et cette logique s'acquiert en découvrant ailleurs une succession de puzzles à la difficulté progressive, sortes de larges tableaux de l'évolution de la réflexion à adopter. La première case est facile, la seconde un peu moins et ainsi de suite jusqu'à la dernière carrément retorse. Accrochez-vous car une fois que vous aurez réussi une première vague d'énigmes vous aurez la clé pour résoudre les suivantes en longeant un câble lumineux jusqu'à destination.

Lost, le disparu

S'il est impossible d'entrer dans les détails de chaque puzzle (pour ne pas les spoiler notamment), sachez simplement que ces casse-têtes fourmillent de bonnes idées (et utilisent parfois la vue et le son) en dépit d'une difficulté souvent bien présente. C'est une traversée en solitaire qui vous attend, sans tutorial, sans indice, sans aide extérieure au point parfois de donner envie de foncer sur le premier walktrough visible sur Youtube pour arrêter de s'arracher les cheveux. Mais où est le plaisir de la réussite si vous trichez ? En plus de la difficulté intrinsèque des énigmes, l'absence de carte transportable n'aide pas à se repérer dans les dédales si bien qu'on se perd facilement jusqu'à se lasser de tourner en rond. Jouer à The Witness c'est accepter de se heurter à des murs d'incompréhension et d'orientation même si dans les deux cas l'expérience permet de s'en sortir sur le long terme. Il ne faut pas avoir peur de décrocher pour y revenir plus tard, quand la matière grise surchauffe ou que l'ennui commence à poindre.

L'île n'est pas aussi grande que la carte de Just Cause 3 mais ce monde ouvert est suffisamment vaste pour s'y paumer. On saluera la variété des décors qui découpent implicitement la carte en zones pour s'y retrouver : la forêt verte, la forêt rose, la forêt orange, le château, la rivière, le désert, la plage, le marais, la jungle, le bunker, les ruines... Mention spéciale au sommet enneigé depuis lequel le panorama est renversant. La réalisation graphique est de bonne facture et le rendu ultra-coloré très « film d'animation » fait penser à Tearaway ou aux futurs Rime et Firewatch pour ne citer qu'eux. Du bon travail d'artiste, toujours fluide et sans le moindre temps de chargement. La prise en main est simplissime - deux boutons seulement sont sollicités dont un pour la course - et la durée de vie, variable selon votre niveau, garantit une douzaine d'heures de jeu minimum. Un score très correct mais nous n'en attendions pas moins compte tenu du prix de vente élevé.

Notre verdict

On aime

  • La réalisation chaleureuse
  • L’intelligence et la richesse des puzzles
  • Un vaste monde ouvert

On n'aime pas

  • Le prix élevé
  • La narration quasi-absente
  • La musique absente
  • L’absence de carte
  • Meilleur par petites doses

Loin des standards actuels du jeu vidéo souvent prémâchés et spectaculaires, The Witness offre une expérience d’exploration / puzzle posée qui ravira ceux qui aiment se creuser la tête et qui sont fièrement venus à bout de The Talos Principle dans le même esprit. Toutefois, si on considère un jeu comme un « tout » uniforme, force est de constater que la narration fait défaut, que les allers-retours sans carte pèsent sur le plaisir de la découverte et que la solitude ennuie à la longue. Des défauts sur lesquels vous pouvez passer si votre objectif en l’achetant est seulement de stimuler votre matière grise en étant entouré de beaux décors.

Note finale : 8 / 10
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