Test Yomawari : Night Alone

Publié le par
PSV

Lorsque le développeur Nippon Ichi Software a officialisé l’arrivée d’un survival-horror exclusif à la PlayStation Vita par l’intermédiaire d’un teaser live-action, nous ne nous attendions pas à ça : voir déambuler en vue intérieure une personne armée d’une lampe torche dans les rues sombres d'une ville japonaise avait de quoi nous plonger dans une ambiance réaliste et glaçante. Les premières images de gameplay de Yomawari ont immédiatement évacué cette inspiration photoréaliste en optant pour une représentation 2D au design enfantin, assez loin des standards de la peur. L'angoisse est-elle tout de même au rendez-vous ? Réponse dans ce test.

Chien perdu sans collier

Parce qu’il faut bien un prétexte pour sortir en pleine nuit une lampe de poche à la main, Yomawari : Night Alone raconte les mésaventures d’une petite fille sans nom qui rentre d’une promenade avec son chien sans son fidèle ami au bout de la laisse. Le quadrupède est en réalité le chien de sa grande sœur et, en voyant la gamine apeurée revenir seule, celle-ci décide de partir à son tour à la recherche de son compagnon canin. Le temps passe, les heures défilent, la nuit tombe et la plus grande des deux n’est toujours pas rentrée à la maison. Se sentant coupable, la plus jeune prend son sac à dos lapin, sa lampe et son courage pour retrouver les deux disparus. A vous de la prendre en main pour parcourir de long en large une ville japonaise désespérément vide de vie en vous baladant d’indices en points d'intérêt.

Pour retrouver sa sœur qui elle-même cherche son chien, notre môme est lâchée dans une bourgade en apparence ouverte, dont les rues et les raccourcis se dessinent au fur et à mesure sur son carnet de notes. Des barrières, passages à niveau et autres obstacles naturels cloisonnent les déplacements de notre héroïne, et un objectif bien précis nous indique le prochain lieu à atteindre. Ce jeu de piste pourrait être une promenade de santé si les ruelles n’étaient pas envahies par des fantômes et autres monstruosités tentaculaires : à un croisement de rue, au détour d'un chemin boisé ou dans le faisceau de votre lampe, des spectres attendent de vous sauter dessus par surprise. Le moindre contact avec un ennemi vous tue instantanément dans une gerbe de sang, vous renvoyant aussi sec au dernier checkpoint. Ces points de contrôle prennent la forme de statues Jizô, des stèles de prières auxquelles vous devez faire une offrande (une petite pièce) pour valider votre progression. On se retrouve alors avec un gameplay grossièrement inspiré d'un Pac-Man : fuir les fantômes à nos trousses et récupérer de la petite monnaie.

En l’absence de moyen de combattre (pas même un appareil photo mangeur d’âmes), la fuite et la planque dans des buissons ou sous des panneaux publicitaires sont les seules solutions pour éviter un game over aussi prématuré qu’irritant. Les checkpoints sont parfois très espacés et, si vous n’avez pas de pièce dans vos poches, vous ne pourrez même pas déverrouiller le suivant. Heureusement, les statues servent aussi à se téléporter à d'autres endroits de la carte, vers les stèles déjà débloquées. Pratique pour retourner rapidement dans sa chambre pour sauvegarder définitivement sa partie sur la carte mémoire. Pour ne pas se retrouver dans la pire situation, le mieux reste d'écouter attentivement les battements de cœur de notre personnage qui augmentent à l'approche d'un danger, et de faire diversion quand c'est possible en lançant un objet (une pierre par exemple) dans la direction opposée à l'ennemi. L'endurance de notre enfant est également sujette à caution puisque la barre d'énergie en bas de l'écran fond comme neige au soleil quand elle se met à paniquer, c'est à dire justement au moment où on en a le plus besoin. Se faire rattraper par une créature parce que la mioche n'a plus rien dans les chaussettes nous ferait presque regretter le souffle court d'Harry Mason.

SOS Fantômes

L’expérience purement die & retry en énervera forcément certains, ceux qui n’ont pas la patience d’apprendre par cœur l’itinéraire à suivre et les emplacements des fantômes, même si ces derniers sont relativement faciles à éviter. Le comble étant de succomber à cause d’un esprit que la caméra isométrique fixe empêchait de voir distinctement derrière un élément du décor. Frustrant.



En mettant de côté un ou deux sursauts inattendus, le jeu de Nippon Ichi Software ne fait jamais vraiment peur et ne parvient pas non plus à insuffler un quelconque stress à cause d'un déficit d'ambiance évident. Déjà que la réalisation 2D kawaii n'aide pas à installer un climat d'angoisse – malgré quelques monstres au character design inspiré – mais surtout l'absence totale de musique y est pour beaucoup. Des pointures comme Silent Hill ou Resident Evil reposent sur des partitions travaillées pour faire grimper la pression, alors qu'ici il faut se contenter des sons nocturnes d'une ville morte : grillons lointains, grésillement d'une ampoule de lampadaire, moteur de distributeur de boissons et bruits de pas étouffés. Le reste, ce ne sont que les râles de l'au-delà et votre rythme cardiaque qui s'emballe. On a connu mieux pour flanquer la trouille.

A la place d’avoir la flippe de votre vie, vous serez plongé en immersion dans la culture japonaise et son folklore si particulier. Yomawari est, comme son nom l’indique, une œuvre 100 % nippone qui semble avant tout destinée au Pays du Soleil Levant. La traversée de la ville de banlieue typique, les ennemis rencontrés tout droit sortis des légendes et mythes locaux, les détails dans les décors ou les nombreux objets à récupérer : tout est d'origine. Le dépaysement est garanti, et ceux qui ont eu la chance de vivre sur place ou de s'intéresser à cette culture en auront pour leur argent. En parlant d'argent, sachez que le jeu est disponible en version boite à partir du 28 octobre pour 39,99€ (34,99€ en cherchant un peu) et qu'il contient en prime un code pour télécharger la version complète du jeu htoL#NiQ : The Firefly Diary des mêmes auteurs. Votre nuit d'errance durait déjà bien une dizaine d'heures, mais avec un second jeu en prime vous aurez de quoi fumer quelques charges de batterie de votre PS Vita ou de votre manette puisque le titre est compatible avec la PlayStation TV. Dommage qu'à l'image de trop nombreuses productions ce soft ne soit proposé qu'en anglais, se privant ainsi d'une partie de la population peu à l’aise avec la langue de Shakespeare.

Notre verdict

On aime

  • En boite avec htoL#NiQ : The Firefly Diary en cadeau
  • La direction artistique originale
  • Le folklore japonais dépaysant
  • Se téléporter sur la carte

On n'aime pas

  • Entièrement en anglais
  • Du die & retry irritant
  • Absence totale de musique et d’ambiance
  • Les checkpoints limités et espacés
  • La peur absente

Au final ce Yomawari : Night Alone nous a laissé une impression plutôt mitigée. D’un côté on peut saluer une direction artistique attachante et un character design parfois bien inspiré. De l’autre on peut pester sur un gameplay qui privilégie l'apprentissage par l'échec, et sur l'absence d'ambiance musicale pourtant vecteur de bons coups de pression dans le genre survival-horror. Reste une escapade longue et dépaysante dans le folklore japonais et sa mythologie qui ravira à coup sûr les passionnés de cette culture foisonnante. Sans cette sensibilité par contre, vous risquez de vous ennuyer sévère.

Note finale : 6.5 / 10
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