Test The Last Guardian

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PS4

Sept ans après sa première apparition à l’E3 2009 et près de dix ans après le lancement du projet par son concepteur Fumito Ueda, le petit dernier de la Team ICO sera enfin disponible après-demain sur PlayStation 4. Mais avec un changement de plateforme (le jeu était au départ prévu sur PS3) et de profonds remaniements au sein de l’équipe de développement, les craintes quant au résultat final étaient nombreuses chez les fans de la première heure. Qu’ils soient tout de suite rassurés : si différents aspects de The Last Guardian trahissent bel et bien sa genèse chaotique, l’expérience qu’il offre s’impose comme l’une des plus mémorables de l’histoire vidéoludique.

Soyons francs, notre sentiment vis-à-vis du jeu était beaucoup plus mitigé après seulement une ou deux heures en sa compagnie, comme en témoignent les quelques SMS échangés avec Vincent durant la phase de test : après avoir évoqué une « caméra affreuse », des « contrôles peu précis » et des « textures un peu en retrait », il aura fallu un immense tour de force de The Last Guardian pour que nous concluions quelques jours plus tard « TLG terminé. Une pépite malgré ses nombreux défauts ! ». Mais voyons tout cela dans le détail.

Une amitié improbable

Vous le savez sans doute, le jeu vous propose de suivre les pérégrinations d’un jeune garçon que vous contrôlez, et d’une bête fantastique rappelant aussi bien l’oiseau (pour son plumage) que le chat (pour sa gestuelle) ou le chien (pour ses gémissements et son intelligence). L’histoire débute alors que le premier se réveille auprès de la seconde, sans le moindre souvenir de ce qui l’a conduit là où il se trouve. Au départ effrayé par l’imposant animal en qui il reconnaît rapidement Trico, une créature mythique mangeuse d’hommes, le garçon réalise rapidement que son curieux compagnon est blessé et enchaîné au sol. Malgré la peur, il entreprend de venir en aide à la créature en la nourrissant par l’intermédiaire d’étranges barils remplis d’énergie, puis en la libérant de ses entraves. Reconnaissant mais toujours méfiant, Trico accepte alors d’aider son sauveur en usant de sa puissance pour lui ouvrir le chemin vers la liberté. C’est là le point de départ d’une amitié improbable entre les deux êtres, qui se développera tout au long de l’aventure jusqu’à son grand final dont nous ne vous dirons évidemment rien !

Du strict point de vue gameplay, The Last Guardian se présente comme un mélange à dominantes plateformes et puzzles, avec un zeste d’action pour faire bonne mesure. Pensez Uncharted ou Tomb Raider, les gunfights en moins. Votre principal souci sera toujours de chercher comment accéder à la zone suivante, en utilisant tantôt les capacités du garçon et tantôt celles de Trico. Le premier peut par exemple escalader les murs, se faufiler dans certaines anfractuosités du décor, débloquer une porte, actionner un levier, ou bien déplacer de petits objets, tandis que le second est capable de sauts incroyables, de dégager des éboulements, de déplacer des objets volumineux ou encore d’envoyer des éclairs avec sa queue. Cette dernière possibilité est déclenchée par le garçon grâce à un miroir lui permettant d’indiquer l’endroit où tirer, le précieux objet n’étant toutefois pas disponible durant l’intégralité de l’aventure.

Côté action, vous croiserez régulièrement la route d’ennemis que le garçon devra se contenter de fuir ou d’éviter : si l’un d’entre eux parvient à s’emparer de vous, il vous faudra marteler les boutons du pad afin de vous échapper, sans quoi votre ravisseur risque de vous faire passer l’une des portes bleues situées dans les environs, synonyme de game over et de retour au dernier checkpoint. Votre seule planche de salut consiste à permettre à Trico d’atteindre la zone de combat, auquel cas il attaquera et éliminera automatiquement tous les adversaires : on retrouve donc le schéma du puzzle décrit plus haut, cette fois avec une certaine pression. A noter que l’animal pourra être blessé par des lances en cours de combat, obligeant le garçon à l’escalader pour retirer les armes plantées dans ses chairs. Autre détail amusant, l’animal a tendance à rester très nerveux durant de longues secondes après chaque rixe, quelques caresses prodiguées par le jeune garçon lui permettant alors de recouvrer ses esprits.

Précisons que, à plusieurs reprises durant votre périple, Trico connaîtra de petites baisses de régime nécessitant de lui trouver de nouveaux barils d’énergie tels que ceux utilisés en début d’aventure : l’occasion pour Ueda et ses collègues de proposer des puzzles un peu différents et de renforcer encore le lien entre nos deux héros.

ICO x Shadow of the Colossus

Vous l’aurez compris notre duo joue la complémentarité, et il faudra la plupart du temps utiliser alternativement les capacités de chacun pour accéder à la zone suivante. Vous arriverez par exemple au cours de l’aventure au pied d’un mur impossible à escalader pour le garçon, mais précédé de deux énormes vitraux en forme d’œil empêchant Trico d’avancer. Vous devrez donc dans un premier temps trouver comment casser les vitraux avec le garçon, afin que celui-ci puisse ensuite chevaucher l’animal qui lui permettra de franchir le mur.



Là où les choses deviennent encore plus intéressantes, c’est que vous n’aurez pas immédiatement accès à toutes les capacités de Trico : s’il consent rapidement à vous faire profiter de ses éclairs, et à vous laisser le monter, ce n’est que vers le milieu de l’aventure, lorsque la relation de confiance aura été établie, que vous pourrez lui demander de se déplacer dans une direction donnée ou de réaliser une action particulière telle que sauter, pousser ou se coucher. Et encore, l’animal gardera tout au long du jeu son petit caractère qui nécessitera parfois de répéter un ordre pour qu’il consente à l’exécuter : d’aucuns verront peut-être là une intelligence artificielle un peu aux fraises, mais nous préférons pour notre part penser à un comportement véritablement indépendant de notre compagnon !

Ne serait-ce que par l’existence du duo formé par le garçon et Trico, The Last Guardian renvoie immanquablement à un autre jeu signé Fumito Ueda, à savoir l’excellent ICO. Le titre qui nous intéresse aujourd’hui va même plus loin en établissant une relation équilibrée puisque les deux héros se sauveront l’un l’autre à plusieurs reprises au cours de l’aventure. L’autre pépite de Ueda, Shadow of the Colossus, n’est pas bien loin non plus lorsque l’on entreprend d’escalader Trico afin qu’il nous permette d’atteindre certaines zones haut perchées !

Une ambiance reconnaissable entre mille

A vrai dire, la parenté entre The Last Guardian et les précédents titres du maître est évidente dès les premières secondes de jeu au travers de l’esthétisme et de l’ambiance qui s’en dégage. Comme dans ICO, les environnements font la part belle aux vieilles pierres et laissent percer ici ou là quelques bouts de verdure, le tout avec une palette de couleurs délavées du plus bel effet. Comme dans Shadow of the Colossus, vous passerez parfois de longues minutes avec pour seule bande son le vent, les gémissements du garçon et les cris de Trico. Comme dans ces deux titres, vous aurez droit à quelques splendides panoramas, à des musiques rares mais fantastiques (signées Takeshi Furukawa), et à une histoire pleine d’émotion, sans doute ici plus explicite et donc encore plus poignante.

Bien entendu, le passage à la PlayStation 4 a permis aux développeurs d’offrir un rendu largement supérieur aux deux jeux sortis sur PS2, avec notamment un Trico magnifiquement modélisé et animé, aux postures rappelant souvent celles de nos animaux de compagnie. Le garçon a lui aussi bénéficié d’un grand soin dans ses animations, mais c’est surtout la distance d’affichage qui impressionne : un peu à l’instar des Dark Souls qui vous permettent de visiter tout ce que vous pouvez voir, The Last Guardian vous offre plusieurs points de vue permettant de revoir les constructions par lesquelles vous êtes passé précédemment. Autant dire que l’effet est saisissant, en particulier lorsque vous prenez de la hauteur vers la fin du jeu.

Quelques choses qui fâchent…

A ce stade de notre article, et avant de vous livrer notre verdict, il serait malhonnête de passer sous silence les différents problèmes dont souffre le jeu et que nous avons déjà mentionnés en introduction.

Le plus gênant sur la durée concerne la caméra qui a une fâcheuse tendance à ne pas savoir où se placer dès que l’aire de jeu se réduit un peu trop (particulièrement en intérieur donc !). Le gameplay étant largement centré sur les puzzles et donc sur l’étude de votre environnement, vous regarderez sans cesse autour de vous en manipulant cette caméra avec le stick droit, et aurez la mauvaise surprise de la voir passer derrière des obstacles (vous obstruant ainsi la vue !) ou bien juste derrière voire en plein milieu de vous. Peu pratique, d’autant qu’un autre problème se fait rapidement ressentir concernant la sensibilité du stick : sa « zone morte » (dans laquelle vous bougez le stick sans que la caméra n’en soit affectée) est beaucoup trop grande et non ajustable, si bien que l’on a une (fausse) impression de grande latence dans les mouvements de la caméra. Exagérer les mouvements du stick est un remède potentiel au problème, mais la méthode est peu naturelle et l’ensemble manque alors de précision dans le réglage de l’angle de vue… Un patch ne serait pas de trop pour au moins permettre la modification de la zone morte !



Puisque l’on parle de précision, sachez qu’il vous faudra un petit moment pour vous habituer aux contrôles un peu flottants du garçon qui se montre bien moins réactif et précis qu’un Nathan Drake ou une Lara Croft. L’affectation des boutons pourra elle aussi paraître un peu curieuse avec le saut sur Triangle et le lâcher sur Croix, mais il faut bien reconnaître que la configuration paraît géométriquement plus logique !

Côté technique, et même si comme précisé plus haut certains panoramas sont franchement époustouflants, on ne peut s’empêcher de remarquer un aliasing assez prononcé (nous avons pourtant joué sur PS4 Pro), et des textures qui auraient sans doute pu gagner en finesse : nul doute que le changement de plateforme en cours de développement aura empêché la pleine exploitation de la petite dernière de Sony, même s’il est évident que de nombreuses séquences n’auraient pu être rendues avec autant d’intensité sur PS3.

…mais la conviction d’être face à un grand jeu

Malgré tous ces petits défauts que l’on aurait évidemment préféré voir gommés avant la sortie du jeu, The Last Guardian nous a enchantés durant la quasi-totalité des treize heures qu’il nous a fallu pour le parcourir de bout en bout. Une fois habitués à la maniabilité que certains qualifieront peut-être d’un autre âge du jeu, nous avons pu pleinement apprécier l’histoire concoctée par Fumito Ueda qui nous offre là un conte de qualité et parvient vraiment à retranscrire la montée en puissance du lien unissant le garçon à Trico.

Bref, l’attente aura été très longue et comme souvent dans ce cas la copie livrée n’est pas parfaite, mais elle s’inscrit indéniablement dans la lignée d’ICO et Shadow of the Colossus, en offrant une expérience de jeu atypique grâce à un concept de base original et à une ambiance parfaitement maîtrisée.

Notre verdict

On aime

  • Une ambiance fantastique
  • La relation entre les deux protagonistes
  • Quelques panoramas somptueux
  • Le scénario bien ficelé

On n'aime pas

  • La caméra vraiment pénible
  • Des contrôles assez flottants
  • Quelques textures un peu grossières
  • Une replay value assez faible

Les sept années d’attente n’auront pas été vaines : The Last Guardian s’impose comme un incontournable de la PlayStation 4 et devrait ravir aussi bien les fans des précédents jeux de Fumito Ueda qu’un public plus large à la recherche d’une histoire originale et pleine d’émotions. S’il est plus que probable que le développement chaotique du jeu a conduit aux quelques défauts techniques mentionnés dans notre article, il est tout aussi évident que la magnifique histoire d’amitié entre le jeune garçon et Trico permet de rapidement passer outre. Il serait dommage de vous en priver !

Note finale : 9 / 10
Les commentaires
Le
Ba autant j'étais bien hypé par ton message Eric, autant les défauts que tu mets en avant me refroidissent direct. C'est un coup à te tuer le délire les problèmes de caméra et maniabilité...
Le
comme d'habitude (et je m'en excuse deja) j'ai lu le test en diagonale hier soir et, tout ce que je retiens c'est "une histoire originale et pleine d’émotion" ca manque cruellement dans les JV donc rien que pour ca, je vais sauter dessus day one.... mais est-ce que ca vaut vraiment 60e pour les autres, je ne sais pas
Le
Les mêmes problemes sur sotc. C'est dans son ADN.
Le
Que ce soit le test d'Eric ou les autres que j'ai survolés, c'est évident que je vais aimer ce jeu.

Ico ou SotC avaient aussi des passages frustrants à cause de la caméra et de la maniabilité. Mais c'est totalement éclipsé par la magie du titre.

Ca me fait super plaisir pour l'équipe qui a trimé dessus et ça sera donc un jeu payé plein pot pour moi, pour soutenir. La dernière fois que j'ai payé un jeu prix fort c'était... Houlaaaaaa y a un bail.
Le
Pouet a écrit :Ba autant j'étais bien hypé par ton message Eric, autant les défauts que tu mets en avant me refroidissent direct. C'est un coup à te tuer le délire les problèmes de caméra et maniabilité...
Comme indiqué dans le test ça m'a d'abord tué le délire et j'ai quand même été happé par la magie du jeu. :P
Le
Par contre l'aliasing présent sur la pro me fait craindre pour la version standard. :/
Le
Déjà sur les vidéos on voyait l'aliasing, je ne suis pas surpris du tout.
Sachant que ce n'est pas un jeu "full" PS4 on en bouffe à gogo de l'aliasing dessus.
Ace

Ace

Le
Il suffit de reculer le canapé pour contrer l'aliasing. Quitte à défoncer le mur et se retrouver dans le jardin ou chez le voisin. :o
Le
Silversun a écrit :Par contre l'aliasing présent sur la pro me fait craindre pour la version standard. :/
Je crois que Ueda à évoqué que la version PS5 sera stable :mdr:
Le
13h de jeu pour le finir, je pense que pour le platiner il faudra 16h ou + ;)
Dommage pour les défauts de caméra et de jouabilite... J'espère qu'il y aura un patch, pour corriger ça... Sa me rebute pas pour l'acheter, mais quand on sait que sa fait 7ans qui bosse dessus...
Le
Silversun a écrit :Par contre l'aliasing présent sur la pro me fait craindre pour la version standard. :/

Il a pas encore sorti de patch pour la pro, donc normal d'avoir de l'aliasing. Après moi ça ne me choque pas, il y a pire.

Jeux concernés

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