Test Little Nightmares

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PS4

Révélé au grand jour durant la dernière Gamescom, le jeu Little Nightmares du studio Tarsier a rapidement su capter l’attention des amateurs de jeux d’épouvante avec son slogan « Jouez avec vos peurs d’enfant » et sa réalisation attrayante sous Unreal Engine 4. Placé sous l’aile protectrice de l'éditeur Bandai Namco Entertainment, celui qui aurait pu passer inaperçu au milieu d'un tas de titres indépendants bénéficie d'un coup de projecteur salvateur, symbolisé par une sortie en boite pour moins de vingt euros et même une édition collector avec figurine et B.O pour 10 euros de plus. Les petits plats sont donc mis dans les grands mais est-ce que la recette a de la saveur ?

Le petit chaperon jaune

A l’instar des productions mythiques du studio Playdead (Limbo et Inside) qui sont à n’en point douter les principales sources d’inspiration de Tarsier Studios, le jeu Little Nightmares entre directement dans le vif du sujet en faisant fi d’une quelconque introduction. On prend immédiatement le contrôle de Six, un petit être féminin malingre vêtu d’un imperméable jaune, dans les couloirs humides de ce qui ressemble à une prison. Comme le sol a tendance à tanguer, faisant rouler de gauche à droite certains éléments du décor, on devine que nous sommes dans la cale d'une embarcation de type paquebot. Soupçons rapidement confirmés par la présence de portes étanches un peu plus loin. Point de narration, de dialogues, de notes ou d'explications : ici les bribes d'informations passent par l'observation des décors et par notre déduction. La présence d'objets à notre échelle et d'autres beaucoup plus grands que nous indiquent par exemple que Six est une sorte de petit poucet évoluant dans un monde de géants faisant office de prédateurs. On devine que les créatures monstrueuses qui peuplent ce navire se livrent à un génocide de petits êtres craintifs à chapeaux pointus (un monceau de chaussures rappelle tristement celui d'Auschwitz) afin de s'en nourrir. La faim est le thème central (nom de code Hunger durant son développement) et semble justifier les moyens, même pour notre petite héroïne.


Les premiers pas expurgés d’indications à l’écran (à moins de sécher trop longtemps) permettent de se familiariser avec les commandes et le défilement vers la droite à la Unravel. Le stick gauche sert à se mouvoir, le droit à faire légèrement dévier la caméra automatique de son axe, le bouton Croix sert à sauter, le Carré à courir, le Rond à allumer un briquet, R2 à saisir un objet et L2 à s’accroupir. La combinaison gagnante saut + saisie permet de s’accrocher à des prises pour progresser en hauteur. Du fait de notre taille réduite, les décors obligent à une grande verticalité en escaladant des objets du quotidien comme les tiroirs d'un meuble ou une pile de livres. On pousse une valise pour se hisser dessus afin de pouvoir atteindre une poignée de porte, un conduit d'aération ou une clé. Chaque tableau demande un minimum d'analyse pour en sortir en direction du suivant. Des leviers à actionner, des manivelles à faire tourner, des interrupteurs à presser sont autant de routines à prendre pour sauver notre peau. A mesure de notre progression on découvrira quelques rescapés à pointes bien cachés à réconforter, et des petites figures en faïence à briser pour débloquer des bonus sous forme d'illustrations.

Hunger Game

Le gameplay axé plateforme / puzzle vire à l'infiltration quand nos ennemis sont dans les parages. Le character design, inspiré des œuvres de Tim Burton (L'étrange Noël de Monsieur Jack) et de Jean-Pierre Jeunet (La Cité des Enfants Perdus), exploite les anomalies morphologiques des créatures pour leur conférer des caractéristiques propres. Ainsi, le premier d'entre eux a la peau du crâne repliée sur ses yeux le rendant aveugle. Il exploite alors son ouïe pour nous repérer et nous traquer avec ses bras disproportionnés. On peut détourner son attention en jetant des objets au sol, mais il est capable de nous suivre sur plusieurs tableaux et s'il nous attrape le game over est immédiat (les checkpoints réguliers sont proches). Compte tenu des proportions de chacun, l'expression « jouer au chat et à la souris » correspond parfaitement. Les jumeaux cuisiniers joufflus bien visibles dans la communication du titre ne souffrent pas quant à eux de handicap visuel, mais leurs morphologies dodues et leurs bras potelés les empêchent de vous atteindre avec aisance. Une faille à exploiter pour leur glisser entre les pattes. Chaque prédateur a son propre fonctionnement, à étudier avant d'agir.

En dépit d'une direction artistique flamboyante offrant cinq univers différents, marqués et plein de petits détails lugubres (obscurité, fuite d'eau, cadavres...), les mécanismes ont tendance à se répéter. La quête d'un nouveau trousseau de clés, la recherche d'un conduit où se glisser ou d'un bouton sont symptomatiques d'un level design bridé par souci de cohérence puisque tout le jeu est censé se dérouler sur le même bateau. On aurait aimé plus de folie que quatre-cinq idées surexploitées, plus d''inventivité et de variété des situations pour tenir la comparaison avec un Inside, l'étalon de mesure actuel. Si on s'abstient de tout rapprochement, Little Nightmares offre toute de même quatre à cinq heures mémorables dans les bas-fonds d'un monde sordide, cruel et sans pitié. La peur est absente, mais le malaise est bien là grâce à une réalisation saisissante. Les graphismes tournant sous la dernière version du moteur d’Epic Games offrent des environnements réalistes, finement texturés, colorés avec nuances et vêtus d'un manteau noir qu'on déshabille à la lueur de notre briquet. Les jeux d'ombres, de lumière et les reflets sont de toute beauté. La bande son n'est pas en reste avec des musiques discrètes qui n'interviennent qu'à des moments de stress, laissant les bruitages typiques du fond de cale prendre le dessus le reste du temps : clapotis de l'eau, grincements du métal, claquements de chaînes et pas dans les flaques… Du tout bon pour un titre qui, rappelons-le, n'est proposé qu'à une vingtaine d'euros en boutique. A ce prix-là vous pouvez cauchemarder les yeux ouverts.

Notre verdict

On aime

  • Une ambiance glauque à souhait
  • Une réalisation soignée
  • Un équilibre plateforme / puzzle / infiltration
  • En boite pour 19,99€

On n'aime pas

  • Moins inventif qu’un Inside
  • Les mécanismes se répètent
  • On en voudrait encore

Sans atteindre les sommets d’un Inside qui paraît pour le moment intouchable, Little Nightmares propose une mémorable plongée dans un univers malsain et confiné où le danger peut surgir à chaque nouvelle salle. Survivre dans ce monde d’horreur ne demandera toutefois pas un talent hors pair : les mécanismes ont tendance à se répéter passé les premiers niveaux si bien qu'on sait à quoi s'attendre par la suite. Le jeu du chat et de la souris tendu, les passages de plateforme de haute voltige et la réalisation de grande qualité suffisent néanmoins à penser que les vingt euros à dépenser pour l'avoir dans sa collection ne sont pas volés pour les quatre à cinq heures d'évasion proposées.

Note finale : 8 / 10
Les commentaires
Le
Un jeu de plus dans la longue liste des jeux à faire :D
Le
Dans les prioritaires.

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