Après un Lords of the Fallen sorti en 2014 qui lorgnait déjà clairement du côté de la série des Souls, Deck13 remet le couvert en 2017 avec un titre tout aussi exigeant mais à l’univers radicalement différent, et dont le gameplay apporte quelques nouveautés bien senties. Les fans de challenge n’ont qu’à bien se tenir : les robots du monde de The Surge n’ont rien à envier aux colosses et autres créatures fantastiques de la série de From Software !

Une narration qui manque un peu de liant

A première vue, le projet Resolve de la multinationale CREO semble tout ce qu’il y a de plus louable : alors que dans un futur proche l’activité humaine a gravement dégradé notre belle planète, et notamment sa couche d’ozone qui sert de bouclier contre les rayons mortels du soleil, l’entreprise lance régulièrement des fusées dont le contenu reconstitue peu à peu cette protection indispensable. Elle a en outre mis au point des exosquelettes permettant d’améliorer les capacités des êtres humains, qui sont logiquement utilisés par les employés de ses usines de production. C’est précisément l’un d’entre eux, Warren, que vous prenez en main pour sa toute première journée de travail dans l’un de ces complexes. Mais après avoir perdu connaissance lors de l’installation particulièrement douloureuse de votre exosquelette, vous vous réveillez dans une décharge alors qu’un drone tente de vous découper la jambe ! Rapidement une question s’impose : que s’est-il passé ?

Autant être direct, ce n’est pas par sa narration que The Surge vous rivera à votre écran : aussi intéressant soit-il son scénario ne se dévoile vraiment que si le joueur se montre proactif, notamment en écoutant tous les enregistrements audio plus ou moins cachés et en parlant aux PNJ croisés ici ou là. Dans le cas contraire seuls la longue cinématique d’introduction et de rares passages scénaristiques « obligés » vous laisseront entrevoir quelques bribes de ce qui se trame autour de vous, laissant sans doute de nombreux joueurs dans un flou relativement prononcé.

Un gameplay exigeant

Fidèle aux principes de base de la série des Souls de From Software, The Surge se présente comme un jeu d’action/aventure à la troisième personne au cours duquel vous traversez des niveaux infestés d’ennemis capables de vous envoyer ad patres en un ou deux coups seulement. Chacune des sept zones du jeu abrite une station médicale servant de hub central, où vous pourrez vous soigner et améliorer votre équipement (nous y reviendrons), et où vous ressusciterez après chaque mort. Bien sûr vous perdrez alors toutes vos « pièces détachées » qui font ici office de monnaie, et disposerez d’un temps limité pour les récupérer avant qu’elles ne disparaissent pour de bon (ce qui arrivera aussi si vous êtes à nouveau tué en chemin !).

Ici aussi les maîtres-mots sont la parade et l’esquive, qui seules vous permettront de survivre suffisamment longtemps pour profiter d’une ouverture et ainsi d’asséner quelques coups à vos adversaires. Notez que le pluriel n’est employé ici qu’à des fins de généralisation tant il peut s’avérer suicidaire d’affronter plusieurs ennemis simultanément : si vous apercevez un petit groupe de sentinelles non loin de vous, il est généralement préférable de les attirer l’une après l’autre pour espérer les vaincre ! Bien sûr une jauge d’endurance vous empêche d’enchaîner sans réfléchir les attaques, les blocages et les pas de côté, vous obligeant à ne pas foncer tête baissée et à établir une tactique pour votre assaut.

Votre objectif dans chaque zone étant d’atteindre un boss particulièrement coriace, vous devrez veiller à bien étudier votre environnement afin de découvrir et débloquer les raccourcis vous ramenant vers la station médicale : en cas de défaite (et il y en aura !), vous pourrez ainsi rejoindre rapidement votre ennemi sans être confronté en chemin à une résistance qui pourrait déjà entamer sérieusement votre précieuse barre de vie. Précisons au passage que si ces boss offrent bel et bien un challenge de taille, vous n’en croiserez que cinq tout au long de l’aventure : on en aurait évidemment voulu plus !

Une personnalisation poussée

A ce stade, il serait aisé de penser que le titre de Deck13 joue la sécurité en copiant purement et simplement son modèle, mais plusieurs petites subtilités de gameplay apportent un peu de fraîcheur à cette formule désormais bien connue.

Sachez tout d’abord qu’une fois un ennemi verrouillé, vous avez la possibilité de cibler certaines parties de son corps, à savoir sa tête, son torse, ses bras ou ses jambes, chacune pouvant être protégée d’une pièce d’armure ou équipée d’une arme pour les bras : si ce n’est pas le cas, vous acharner sur ce « point faible » vous permettra d’éliminer plus rapidement votre adversaire. Il n’est toutefois pas inintéressant de viser une partie du corps protégée puisque, si vous enchaînez suffisamment de coups, votre jauge d’énergie atteindra un niveau permettant d’effectuer une exécution grâce à laquelle vous découperez le membre visé et récupèrerez les plans et matériaux nécessaires à la construction de la pièce d’armure ou de l’arme correspondante. C’est en partie de cette manière que vous améliorerez votre exosquelette en cours de partie, et pourrez ainsi affronter des adversaires de plus en plus forts.

L’autre moyen de muscler Warren, c’est d’utiliser les implants trouvés dans les niveaux du jeu : vous pourrez en activer jusqu’à huit simultanément une fois le niveau 45 atteint, qui vous confèreront des bonus passifs (augmentation de la jauge de vie, baisse de la dépense d’énergie, amélioration du maniement de tel ou tel type d’arme…) ou actifs (injectables permettant de récupérer de la vie ou de l’énergie, ou d’augmenter temporairement certaines caractéristiques). Attention, si certains implants peuvent être changés à la volée depuis n’importe quel lieu, d’autres ne peuvent être mis en place et retirés qu’à la station médicale : à vous de bien planifier votre configuration !

Vous aurez aussi l’occasion d’améliorer le drone récupéré dès le début du second niveau en trouvant des modules de drone : son tir de base pourra alors être remplacé par une attaque de mêlée, un rayon magnétique attirant les ennemis ou encore un lance-flammes. Il faudra toutefois y recourir avec parcimonie puisqu’il entamera votre barre d’énergie et nécessitera un temps de recharge entre deux utilisations.

Histoire d’être complet, sachez aussi qu’utiliser régulièrement une arme vous permettra d’augmenter votre niveau de maîtrise avec celle-ci : que vous ayez opté pour une arme à une main, un bâton, une arme lourde ou une arme montée à une ou deux mains, vous deviendrez ainsi de plus en plus efficace. A ce sujet nous vous conseillons d’alterner au moins entre une arme rapide (et peu efficace) et une arme lourde (qui cause plus de dégâts) histoire de pouvoir affronter sans trop de problème tous les types d’ennemis !

Dernier point important de la customisation de Warren, le cœur énergétique de son exosquelette dont le niveau limite les accessoires utilisables : chacun d’entre eux utilise en effet une fraction de la puissance disponible, et vous ne pourrez donc pas vous équiper de vos armures, armes et implants les plus puissants simultanément sans dépenser des tonnes de pièces détachées pour améliorer ce cœur énergétique ! Précisons d’ailleurs que certaines portes du jeu ne peuvent être ouvertes qu’en surchargeant leur mécanisme, à condition toutefois que votre niveau soit au moins égal ou supérieur à celui indiqué sur leur écran de contrôle.

Une technique aboutie

Avec une aventure se déroulant dans une usine de haute technologie, vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre que les environnements de The Surge sont dominés par le béton et le métal, et déclinent donc toutes les nuances du gris. Quelques passages en extérieur vous permettront d’apercevoir un peu de couleur, mais il faut bien reconnaître que l’ensemble de votre périple se déroulera dans des décors tristounets. Ceci étant la gestion de la lumière est de bonne facture et les effets spéciaux sont globalement réussis, tandis que les différents protagonistes offrent une modélisation et des animations de qualité, avec une mention toute particulière pour les boss plutôt imposants.

Si les possesseurs de la PS4 de base devront se contenter d’un affichage en 1080p à 30fps, jouer sur PS4 Pro vous permettra en revanche de choisir entre du 4K à 30fps (Qualité) et du 1080p à 60fps (Performance). C’est ce dernier réglage que nous avons choisi pour nos sessions de test, et nous avons été agréablement surpris de ne pas apercevoir le moindre signe de ralentissement tout au long de l’aventure.

Côté bande son les musiques du jeu ne resteront vraisemblablement pas gravées dans les mémoires, mais elles sont suffisamment discrètes pour ne jamais paraître de trop : votre aventure sera dominée par des effets d’ambiance corrects vous permettant souvent d’anticiper les mauvaises rencontres, et des bruitages de combat réussis.

Terminons avec un mot sur la durée de vie du jeu qui devrait se situer autour de la vingtaine d’heures pour le premier run d’un joueur aguerri, après quoi vous pourrez profiter du mode New Game+ qui montera la difficulté d’un cran pour les masochistes. Au cas où vous vous poseriez la question, aucun mode multijoueurs ou système de messages laissés aux autres joueurs n’est ici proposé.