Test Hakuoki : Kyoto Winds

Publié le par
PSV

Au Japon, le jeu vidéo n'oublie pas les jeunes filles en fleur, bien au contraire. Un sous-genre – n'y voyez rien de péjoratif – leur est même entièrement consacré : le « otome », à savoir un dérivé du visual novel, où le but du jeu est d'entretenir des romances avec de jeunes éphèbes. Encore très marginal en Occident, cette étrange catégorie (du moins, pour nous autres) se signale aujourd'hui sur PlayStation Vita, avec la sortie de Hakuoki : Kyoto Winds. Sans doute pas la pire illustration du genre, d'ailleurs.

Prenant place dans le Japon du XIXe, sauce japanim' (pour l'esthétique), le jeu nous plonge dans la peau de Chizuru Yukimura, partie à la recherche de son père disparu. Lors de son arrivée à Kyoto, la jeune fille se retrouve, malgré elle, au cœur d'une violente bataille entre deux factions de ronin. Témoin d'un conflit qu'elle n'aurait pas dû voir, Chizuru est alors secourue par les hommes du Shinsegumi, une police aux méthodes que l'on dit controversées. Eux aussi sont à la recherche du Dr. Kodo, son père. Pourquoi ? Chizuru devra le découvrir, au contact – prolongé – de ces mystérieux samouraïs...

Orgueil et préjugés

Étonnant pitch de départ pour un « otome » ! Ici, le ton est grave, sérieux, et les enjeux, loin d'être futiles. En cela, l'entrée en matière de ce Hakuoki : Kyoto Winds surprend. Elle intrigue aussi : le jeu va-t-il tenir cette ligne très « serious business » tout du long ? Et les romances, alors ? C'est alors avec curiosité que l'on se laisse porter par l'aventure, pour voir de quoi il en retourne. Parfois, on doit dicter à Chizuru les choix qui façonneront sa destinée (on parle de 30 fins différentes). Et par la même occasion, sa « proximité » avec les 12 membres du Shinsegumi... Les voilà, ces fameuses romances ! Sauf que, contrairement à nombre de jeux du même genre, elles sont complètement intégrées à l'histoire, laquelle est ici bien plus qu'un simple prétexte. L'écriture est à ce titre assez remarquable (tout comme la localisation en anglais, d'ailleurs) et il suffit de faire un second run en empruntant des chemins différents pour pleinement le mesurer.


Au fil de l'aventure, on découvre aussi une Chizuru tout sauf stupide, dans un rôle de « catalyseur » actif assez intéressant, au milieu de tous ces « prétendants » potentiels. Chacun présente d'ailleurs un background suffisamment riche pour retenir durablement l'attention du joueur, assez loin finalement des stéréotypes que l'on pouvait imaginer d'eux au premier abord. Après, soyons honnêtes, une fois que les romances sont bien entamées, on n'est pas complètement épargné, par instant, par une certaine mièvrerie : il faut bien faire rêver... Mais fort heureusement, cela ne prend jamais le pas sur le sérieux de l'histoire ni sur le poids des enjeux qui reposent sur les personnages, auxquels on s'attache assez naturellement. Cela ne surprendra sans doute pas les connaisseurs (d'autant que la série raconte en boucle la même histoire depuis 2008), mais Hakuoki reste à ce titre une vraie curiosité pour ceux qui découvrent le genre. Et la preuve, aussi, qu'il faut parfois savoir mettre ses préjugés de côté...

Du visual novel pur jus

Pour le reste, passée la surprise du premier contact, le jeu d'Idea Factory laisse apparaître des contours bien plus classiques. En somme, du visual novel « à l'ancienne », à 100 % narratif, sans autre interaction que les fenêtres de choix qui s'imposent aux moments-clés de l'histoire. Beaucoup de parlotte ininterrompue donc, d'autant que l'histoire est tout de même assez longue. Autant prévenir, certains auront du mal à s’en accommoder sur le long terme. D'aucuns diront que c'est le genre qui veut ça mais, à l'époque des Danganronpa et autres Zero Escape – qui, eux, maintiennent l'attention du joueur par divers moyens (artifices cosmétiques, mécaniques de réflexion, etc.) – il n'est pas toujours facile de se plier à une telle passivité.

L'histoire a beau se révéler prenante dans l'ensemble, elle souffre malgré tout de certaines baisses de rythme, que le manque de dynamisme visuel (des écrans fixes, tout du long) et sonore (musiques d'ambiance assez pauvres) viennent allègrement appuyer. On aurait également apprécié des mécaniques de jeu un peu plus profondes que des simples jauges d'affinité et de corruption, pour signifier l'alignement des personnages. Cela aurait sans doute permis de marquer un peu plus les choix du joueur qui, ici, ne se résument finalement qu'à des fenêtres de textes à valider... Avec un peu plus de soin et d'attention sur la forme, Hakuoki aurait pu être plus percutant. A défaut, il reste un visual novel très classique, parmi tant d'autres. Mais un très honnête « otome », tout de même.

Notre verdict

On aime

  • L'originalité de l'expérience
  • Le large choix d'embranchements
  • Le sérieux inattendu de l'histoire
  • La galerie de bellâtres à séduire

On n'aime pas

  • L'absence de mécaniques de jeu
  • Les musiques trop discrètes
  • Les rares passages mièvres

Pour être tout à fait honnête, Hakuoki : Kyoto Winds n'est pas tout à fait le visual novel romantique « pour jeunes filles en fleur » auquel on s'attendait. Après plusieurs heures dans la peau de Chizuru, force est d'admettre que le jeu d'Idea Factory est bien plus que cela. Avec son contexte très sérieux de lutte sanglante entre deux factions de ronin, l'histoire d'Hakuoki ne verse pas dans la légèreté et devrait retenir sans mal l'attention d'un plus large public. Les romances sont de la partie mais elles n'empiètent en rien sur les lourds enjeux de l'intrigue, bien au contraire : une vraie bonne surprise. Seulement, l'absence de véritable mécanique de jeu et surtout, l'avalanche de textes restent des freins, que beaucoup de joueurs risquent d'avoir du mal à surmonter. Le jeu d'Idea Factory n'en demeure pas moins un « otome » réussi, une expérience de jeu peu commune à découvrir.

Note finale : 6.5 / 10
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