Test Get Even

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PS4

Attendu initialement pour le 26 mai dernier sur PlayStation 4, Xbox One et PC, le jeu Get Even a été repoussé à la dernière minute à la date du 23 juin en raison de l'attaque terroriste du Manchester Arena. Sans lien apparent avec le djihadisme, c'est la présence d'une scène clé où une jeune fille est attachée à une chaise avec une ceinture d'explosifs autour de sa taille qui est la cause de ce retard. Un parallèle avec les événements réels qui auraient pu troubler les familles des victimes. Ce délai passé, le FPS de The Farm 51 est enfin disponible en version physique et numérique pour 29,99€. Attention, risque de spoilers.

Arkham Asylum

Particulièrement sous-médiatisé par son éditeur Bandai Namco Entertainment, Get Even n'a pas fait grand bruit entre son annonce en août 2016 et sa sortie vendredi 23 juin dernier. A peine savait-on de quoi il était question à travers les rares visuels qui accompagnaient trois pauvres communiqués de presse français. Sur ces derniers nous pouvions voir entre les mains du personnage principal des armes à feu et un smartphone, pour s'éclairer notamment. Est-ce un shooter en vue intérieure ? Un jeu d'enquête policière glauque à la Condemned ? Un jeu d'horreur à la Daylight ? Une aventure narrative à la Gone Home ? Nous serions tentés de répondre… un peu de tout ça à la fois, l'horreur en moins. Contrairement à ce que pourrait laisser croire le visage féminin en larmes sur la jaquette du jeu, notre protagoniste n'est pas une demoiselle en détresse mais un solide gaillard du nom de Cole Black, un ancien mercenaire devenu une sorte de détective privé / tueur à gages qui se réveille dans le jardin d'un hôpital psychiatrique abandonné avec comme seul souvenir son dernier contrat. Il avait été missionné pour libérer une jeune otage qu'il trouva ficelée à une chaise avec un minuteur accroché à sa taille lui-même relié à une bombe. Sa tentative de libération a probablement échoué puisqu'un aveuglant flash conclut cette scène avant un fondu au noir et un réveil dans les rosiers. Votre principal objectif sera de trouver des réponses à vos questions. Qui êtes-vous réellement ? Qui était cette fille ? Que faites-vous dans ce lieu désolé ? Qui tire toutes les ficelles ? Et tout d’abord, est-ce que tout ceci est bien réel ?

Pour dénicher les pièces de ce puzzle géant, notre gars pourra s'appuyer sur ses guns et surtout sur un envahissant smartphone. Aussi précieux pour lui que son couteau suisse pour MacGyver, son téléphone intelligent lui sert à tout faire : recevoir des messages, consulter l'objectif en cours, potasser des archives, suivre les traces de fluides corporels avec une lumière ultra-violet, utiliser une vue thermique pour repérer les sources de chaleur, se retrouver sur une carte des lieux et scanner des éléments importants des décors. Tout le gameplay repose sur l'utilisation de l'accessoire qu'il faut tenir en permanence à la main. Sur les côtés du téléphone s'allument de petites diodes vertes alertant de la proximité d'un indice. Quand la manette se met à vibrer c'est que nous sommes en plein dessus. La fonction scan de l'appareil analyse l'élément en question et une intelligence artificielle nous en donne le résultat. On progresse ainsi sans trop de difficulté pour se repérer grâce à la carte complète toujours visible, pour enquêter grâce aux applications, pour allumer des générateurs électriques grâce à la vue thermique et pour avancer dans l'histoire linéaire grâce à la présence d'un interlocuteur bavard. Désigné par le pseudo « Red », ce dernier apparaît régulièrement sur les écrans pour nous donner des consignes, nous orienter et jouer avec nos nerfs. Celui qui semble nous retenir contre notre gré nous invite à plonger dans notre mémoire à l'aide du casque de réalité virtuelle « Pandora », un appareil technologique permettant de revivre ses souvenirs, afin de nous aider à comprendre le présent. Sans trop entrer dans les détails de l'histoire, on devine rapidement qu'on ne fait en réalité que naviguer de souvenir en souvenir (ça spoile dès les premières phrases de l'introduction) ce qui donne un caractère aussi décousu que futile à l'intrigue.

Perte de mémoire

Le scénario distillé au compte-gouttes se taille la part du lion dans cette production originale, bien plus que son gameplay sans punch. Rédigé à quatre mains par Iain Sharkey et Stephen Long avec une volonté de surprendre comme un bon M. Night Shyamalan grâce à de grosses ficelles et quelques twists, ce polar maintient éveillé à défaut d'être palpitant. Dès les premières minutes la confusion générale qui règne autour de notre héros s'installe pour ne nous quitter que vers la fin où tout est révélé. Trop ambitieux peut-être, trop confus sans doute, le pitch surréaliste naviguant entre technologie, régression et psychologie peinera à accrocher les joueurs terre à terre adeptes d'enquêtes policières réalistes comme celles des jeux Sherlock Holmes. Les autres, plus ouverts, à l’esprit enclin à l’imaginaire, seront sans doute attirés par l'orientation science-fiction lorgnant du côté de films comme Source Code pour les allers-retours mémoriels, l'Effet Papillon pour la téléportation en scrutant attentivement une archive et Inception pour les passages d'un décor à l'autre sans lien entre eux. Il ne faut vraiment pas être hermétique au genre pour se sentir concerné, impliqué par le récit. Dans le cas contraire l’ennui viendra bien trop vite pour continuer ses efforts.


Puisque Cole a une arme entre les mains, autant s'en servir. Totalement dispensables et ne servant jamais le propos, les scènes d'action ont comme seul intérêt de nous faire manipuler un CornerShot, un accessoire orientable pour armes de poing capable de tirer à 90° dans les angles sans être vu grâce à une caméra et un écran. Gadget amusant et rarement utilisé dans le jeu vidéo, ce flingue permet d'ajuster des gardes à loisir en étant bien planqué dans un coin. Aidées par une caméra thermique et une carte faisant apparaître les positions des ennemis, ces phases de gameplay sont une formalité pour les habitués de la manette, une vraie foire aux headshots sans le moindre challenge. Avec seulement une poignée d'armes (deux maximum à la fois), une intelligence artificielle aux fraises, l'impossibilité de sauter et des cadavres qui se volatilisent comme une nuée de papillons, c'est sans doute le FPS le plus mou de la console. On comprend pourquoi l'approche furtive est conseillée par le jeu, en prétextant que nos massacres de masse auront des conséquences sur le reste de l’aventure (comme certaines de vos actions à d'autres moments d'ailleurs). En réalité c'est sans doute que les développeurs sont conscients des lacunes de leur petit dernier, et qu'elles seront moins visibles avec des attaques furtives au corps-à-corps qu'en voyant les soldats tourner en rond parce qu'ils vous ont repéré.

Bien plus réussi dans son histoire que dans son gameplay alternant phases d'enquête assistées et moments de shoot ratés, Get Even ne brille pas par sa réalisation désuète tournant sous un moteur 3D vieillissant (Unreal Engine). Les décors bétonnés n'offrent que des nuances de gris et de jaunes, des végétations statiques et des couloirs sombres ou tagués. Le level design est carré comme une tablette de chocolat mais vu qu'on traverse souvent des immeubles d'habitation délabrés, des bâtiments administratifs ou des bureaux, ce doit être normal de s'y perdre et d'y retrouver une certaine géométrie. Cette production polonaise n’est pas exempte de bugs avec notamment des blocages de notre gars dans les décors, obligeant à recharger au dernier point de sauvegarde. Ce qu'il perd en aspect visuel il le compense par une partie sonore mieux mise en valeur avec un son spatial généré par la technologie Auro-3D pour les bruitages (prière de jouer au casque) et les musiques inspirées d'Olivier Derivière pour l'ambiance. Le compositeur fait le boulot avec sérieux, nous drapant de thèmes symphoniques en adéquation avec les situations. Un professionnalisme partagé par les différents doubleurs anglais (le jeu est sous-titré en français) bien dans le ton avec leurs accents taillés pour les personnages qu'ils incarnent (mention spéciale à la voix de gros dur de Cole). Enfin, terminons par la durée de vie d'une petite dizaine d'heures pour un titre vendu à trente euros mais qui a tendance à traîner en longueur à force de redites pour grappiller du temps de jeu. C'est de bonne guerre mais ça dessert encore un peu plus une narration qui méritait d'être condensée et expurgée de ses phases de shoot inutiles.

Notre verdict

On aime

  • L'histoire qui cherche à surprendre
  • Le jeu des acteurs crédible
  • Bonne ambiance sonore
  • Le smartphone à tout faire

On n'aime pas

  • La réalisation vieillotte
  • Les phases d'action molles et inutiles
  • La narration trop morcelée pour happer
  • Il faut adhérer à la science-fiction

Ce Get Even souffle le chaud et le froid, laissant une impression mitigée. Côté chaud on trouve une histoire intéressante, originale et moderne dans sa manipulation de la mémoire. Côté froid on se heurte à des phases de shoot aussi médiocres qu'inutiles qu'on remplace volontiers par des contournements et une approche plus furtive. Même dualité au niveau de la réalisation avec une présentation graphique et technique tout juste passable pour l’époque, contrebalancée par une ambiance sonore bien plus réussie avec ses bruitages 3D, ses musiques symphoniques et des doublages enjoués. Au final l'expérience est honnête mais ses imperfections sont trop évidentes pour recommander un achat immédiat.

Note finale : 6 / 10
Les commentaires
Gui

Gui

Le
Pas sûr que ça soit correct de dire que l'unreal engine est un moteur 3D vieillissant... C'est pas comme s'il était jamais mis à jour ou quoi ou qu'est-ce ^^
Le
C'est l'Unreal Engine 3. Depuis le 4 est sorti.
Gui

Gui

Le
Oh d'accord ! Du coup ca aurait valu le coup d'ecrire "un Unreal Engine 3 vieillissant" :-P
Le
Certes. :)
Gui

Gui

Le
Test tres bien ecrit et interessant soit dit en passant ! J'avais pas du tout entendu parler de ce jeu ! (sorry d'avoir juste commente pour faire une critique au depart ^^')
Le
Y'a pas de mal. Et comme je dis dedans, le jeu a été particulièrement mal vendu par Bandai Namco. Quand tu vois Tekken 7 avec ses vidéos presque quotidiennes et celui là pratiquement caché, ce serait pas étonnant de le retrouver soldé dans peu de temps.

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