Test Shadow Tactics : Blade of the Shogun

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PS4

Très bien accueilli lors de sa sortie sur PC en février dernier, le jeu de stratégie Shadow Tactics : Blades of the Shogun sort enfin sur PlayStation 4 et Xbox One en version physique pour 49,99€ et en numérique pour 39,99€. A ce prix-là le jeu n'a subi aucune modification particulière pour son portage sur consoles, et conserve ses mêmes petits défauts et ses excellentes qualités. Décryptage en règle.

Commandos Shuriken

Lorsque le développeur espagnol Pyro Studios sort en 1998 sur PC le jeu Commandos : Derrière les Lignes Ennemies, il est loin de se douter de l'impact que ce jeu de stratégie en temps réel aura sur le monde du jeu vidéo. Succès planétaire, quatre épisodes de qualité constante, une extension sur ordinateur et un portage du second volet sur PS2 et Xbox, la série a fait du chemin au point de connaître quelques rejetons illégitimes comme Desperados : Wanted Dead or Alive. Au début des années 2000 le genre est tombé en désuétude jusqu'à sa renaissance l'hiver dernier entre les mains de Mimimi Productions avec l'éblouissant Shadow Tactics : Blades of the Shogun dont le portage vient de débarquer sur nos consoles. Ce genre typiquement PC doit-il s'inquiéter de son passage à la manette et de son éloignement de l'écran ? Pas du tout !

L'action prend place en 1615 en plein Japon féodal alors qu'un ambitieux shogun vient de prendre le pouvoir avec comme objectif d'installer une paix durable dans le royaume. Pour cela, il recrute cinq mercenaires qui devront se salir les mains à sa place pour écarter les obstacles qui pèsent sur ses plans. En effet, un mystérieux Kage-sama souhaite renverser le nouveau shogun en ravivant des tensions entre les clans. Sans rentrer dans les détails du scénario pour ne rien gâcher, sachez qu'il est bien plus construit que l’enchaînement de missions histoires de son modèle avec notamment quelques petites surprises et retournements de situation. Cette trame aussi intéressante soit-elle n'est que l'arbre qui cache la forêt, à savoir un gameplay tactique aux petits oignons.

Dans la plus pure tradition du genre, Shadow Tactics opte pour une vue aérienne laissant apparaître l'ensemble de la carte (pas de brouillard de guerre ici) qu'on peut arpenter librement en déplaçant la caméra avec le stick analogique droit histoire de repérer la résistance qui nous attend. En combinant le stick à la gâchette R2 les rotations à 360 degrés et le zoom permettent d'avoir une vue d'ensemble ou au contraire des détails des lieux. Contrairement à la version PC, sur consoles de salon les personnages se dirigent directement au stick gauche. Les missions mettant essentiellement en avant la furtivité, nos ombres peuvent assassiner discrètement les soldats et planquer leurs corps dans des buissons, des caisses ou des puits. A la manière d'un Tenchu, les toits représentent toujours une bonne alternative pour atteindre une zone et prendre l'ennemi de haut. Les gardes disposent d'un long cône de vision qui ferait passer ceux de Metal Gear Solid pour des aveugles. Ils voient à plusieurs mètres mais leur vue décroît avec la distance et la partie rayée vous épargne si vous êtes accroupi. A l'instar de vos hommes, les troupes se spécialisent et certains gars sont plus finauds que les autres ou mieux équipés selon leur grade. Ceux avec un chapeau sont par exemple insensibles aux diversions basiques comme un bouteille de saké qui apparaît miraculeusement dans leur champ de vision. La difficulté croit naturellement avec la progression, d'autant que les situations deviennent de plus en plus complexes : les sous-fifres sont plus nombreux, ils s'observent mutuellement et ont déjà le sifflet à la bouche pour déclencher l'alerte au moindre doute. Votre salut viendra alors de trois facteurs : les sauvegardes rapides à tout moment en pressant le pavé tactile (avec compteur visible depuis la dernière sauvegarde et trois slots en archives, au cas où), les actions coordonnées de vos ninjas à préparer en pressant la direction Haut de la croix directionnelle et à déclencher avec le bouton Triangle, et bien sûr la complémentarité du casting.


Votre équipe est composée de cinq personnages hétéroclites spécialisés dans des compétences indispensables. Le ninja Hayato possède un shuriken pour tuer à distance et peut utiliser son grappin, Mugen est un samouraï capable de tuer plusieurs ennemis en même temps et de porter de lourdes charges, le vieux Takuma utilise son fusil de précision pour tuer à distance sans être vu, la belle Aïko peut se déguiser en geisha pour passer sous le nez de l'ennemi et la jeune Yuki pose des pièges mortels pour élaborer de vrais traquenards. Ce ne sont que quelques exemples de leurs talents, sélectionnables grâce à une roue qui s'ouvre avec L1. Les héros, eux, peuvent être choisis individuellement avec une autre roue, ouverte en pressant R1, ou en groupe pour les déplacer en masse. Inutile de vous dire que vous devez constamment jongler entre les membres de votre team et leurs atouts respectifs pour avancer vos pièces sur ce grand échiquier qu'est la mission en cours. Planifier minutieusement ses assauts coordonnés et déclencher le ballet macabre d'une simple pression est absolument jouissif quand tout fonctionne comme du papier à musique. Dans le cas contraire il suffit de recharger sa partie pour retenter sa chance autrement (c’est le game over si vous perdez un homme), en respectant mieux le timing réglé comme une horloge qui ne laisse qu’une mince fenêtre de tir. La difficulté est réelle, le jeu est parfois très exigeant, mais chaque sentinelle abattue ou contournée est une petite victoire quand l'accomplissement de la mission après de longues heures et des dizaines (centaines ?) de tentatives flirte avec l'extase.

C'est bon de se faire du mal

Dans Shadow Tactics, le plaisir de la délivrance est proportionnel à la douleur endurée pour gagner chaque centimètre de carte. Le jeu dispose néanmoins de trois modes de difficulté pour ne pas effrayer les moins téméraires en gardant à l'esprit que le mode facile ne déverrouille pas de badges. Les badges sont des récompenses symboliques obtenues en accomplissant certains hauts faits ou en agissant d'une certaine façon durant une mission, comme par exemple en éliminant un nombre précis de gardes, en les épargnant ou en terminant la mission en un temps donné. Le hic c'est que les conditions d'obtention d'un badge ne sont connues qu'à la fin de la mission, obligeant ainsi celui qui voudrait les obtenir à recommencer le niveau alors que certains auraient pu être débloqués au premier run avec les bonnes connaissances. Vous me direz, on peut très bien regarder sur le net les consignes mais ce serait aller à l'encontre de l'esprit du jeu qui incite à la replay value. Avec les chemins alternatifs et vos cinq personnages réellement différents, il y a de toute façon toujours quelque chose à découvrir en refaisant les niveaux précédents. Ceci dit, avec des durées montant crescendo d'une heure pour le tutorial à trois ou quatre pour les missions sérieuses, les treize niveaux demanderont déjà une trentaine de vos précieuses heures pour les boucler. Pas sûr alors de vouloir remettre le couvert immédiatement.

Les moins jeunes se souviennent sans doute que le portage de Commandos 2 : Men of Courage sur PlayStation 2 n'avait pas été de tout repos avec un résultat mitigé, la faute à une prise en main à la manette délicate et à des longs temps de chargement, notamment pour sauvegarder. Ce portage n'a rien à voir avec les erreurs du passé puisque l'optimisation à la manette est tout à fait honorable. Les personnages se dirigent bien et sont entourés d'un halo lumineux lorsqu'ils sont cachés derrière un obstacle pour faciliter la lisibilité, une pression de la touche gauche de la croix directionnelle fait apparaître les cônes de vision, les planques sont colorées quand on porte un corps et les éléments importants ont tendance à scintiller. Une autre touche permet de recentrer la vue sur notre héros et la plupart des actions et leurs touches correspondantes sont visibles en permanence à l'écran comme pense-bête. Au pire, il suffit de mettre le jeu en pause pour découvrir l'image de la manette et les actions liées à chaque touche en même temps que les objectifs en cours, la carte en plus grand (une mini-carte est constamment visible) ou les précédents dialogues. Tout est pensé pour faciliter la vie du joueur, pour que l'ergonomie ne serve pas d'excuse en cas de mort prématurée.


D'un point de vue technique le moteur Unity assure un spectacle visuellement satisfaisant sans pour autant en mettre plein la vue. Les effets spéciaux sont pratiquement absents, les textures manquent de détails mais l'éloignement de la caméra n'aurait de toute façon pas permis d'en profiter comme il se doit. Au moins les écritures sont très lisibles et évitent le syndrome de la police rikiki qu'on connaît bien sur cette génération de machines. L'ensemble reste fluide en permanence avec un taux de 30-35 images par seconde sur un modèle standard et le double sur PS4 Pro. Il est aussi possible de déverrouiller le nombre d'images par seconde sur la console la plus puissante du monde au risque d'avoir un frame rate irrégulier. Les doublages anglais doivent rapidement être troqués par des voix japonaises nettement plus dans l'ambiance, une ambiance nippone d'ailleurs renforcée par les musiques typiques de l'ère Edo. Notons tout de même quelques lacunes techniques comme de petits bugs d'affichage (des membres qui passent à travers des éléments du décor) ou des rares plantages. Quand on vous dit qu'il vaut mieux sauvegarder très souvent, c’est pour votre bien !

Notre verdict

On aime

  • De la stratégie exigeante
  • Les nombreuses alternatives
  • Cinq personnages complémentaires
  • Les sauvegardes rapides, indispensables
  • La grosse durée de vie
  • Les voix japonaises

On n'aime pas

  • La difficulté parfois éprouvante
  • Les cinématiques sans sous-titres
  • Quelques rares bugs et plantages
  • Les badges visibles uniquement en fin de mission

Shadow Tactics : Blades of the Shogun est une merveille d'infiltration exigeante et de stratégie pointue, aussi bien sur consoles de salon que devant son ordinateur. Les possibilités offertes par les différents talents de notre équipe d'ombres donnent immédiatement un coup de vieux aux mécanismes de la série Commandos qui a pourtant servi de modèle spirituel aux développeurs de Mimimi Productions. La trame scénaristique développée avec soin est agréable à suivre, et la réalisation tant visuelle que sonore nous immerge immédiatement dans le Japon féodal. Avec ses nombreux repères visuels, ses codes couleurs et les rappels à l'écran, la prise en main à la manette n'est jamais handicapante, ce qu'on aurait pu craindre avec ce portage au final glorieux et hautement recommandé. Un must-have de l’année 2017, assurément.

Note finale : 9 / 10
Les commentaires
Le
Ah ba je me demandais si c'était un bug de ma part le coup des sous titres non présent dans les cinématiques mais ok c'est pour tout le monde :D
Trop bizarre qu'ils aient laisser ca passer...
Le
Bravo pour le test, j'en attendais pas moins ! :D
C'est con pour les sous titres par contre.

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