Test South Park : L'Annale du Destin

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PS4

Développé par Obsidian Entertainment, South Park : Le Bâton de la Vérité avait marqué le retour tonitruant sur consoles et PC des personnages imaginés par Matt Stone et Trey Parker dans un genre plutôt inattendu : le RPG. Succès oblige, les deux auteurs remettent ça, trois ans plus tard, avec South Park : L’Annale du Destin, conçu cette fois par Ubisoft San Francisco (Rocksmith). Une suite directe, dans la droite lignée de son aîné. Sans grosse prise de risque.

L’Annale du Destin s’ouvre peu après la fin du premier épisode : lassé des joutes type heroic fantasy, Eric Cartman décide de tout plaquer pour revêtir son costume du Coon et relancer sa franchise de super-héros, entraînant avec lui toute sa bande de copains. Passé Roi Connard au gré de ses exploits dans le Bâton de la Vérité, le joueur – alias le Nouveau – doit, lui, repartir de zéro et s’inventer un nouveau personnage (selon trois « jobs » proposés au départ), pour pouvoir participer au jeu. Et ainsi poursuivre son intégration à South Park.

Ainsi, L’Annale du Destin reprend le chemin tracé par son aîné. Pas de surprise donc sur le déroulement des événements, toujours assez éclaté certes, mais pas moins hilarant de bout en bout. Chaque nouvelle rencontre à South Park est encore l’occasion de franches rigolades, sous le signe d’un humour trash plus rétrograde encore que dans le Bâton de la Vérité. Sans trop spoiler, on peut citer l’embuscade tendue par deux prêtres pédophiles ou encore ces rednecks qui veulent tabasser du cisgenre… Poilant à souhait. Matt Stone et Trey Parker se sont manifestement fait plaisir sur l’écriture, multipliant avec une générosité sans borne les personnages, les lieux et les clins d’œil à la série animée (à chercher du côté des dernières saisons). Pour du fan service qui dégouline, comme on l’aime.

La structure du jeu demeure, elle aussi, inchangée. Le joueur se retrouve lâché dans un South Park plus étendu, plus vivant aussi, comprenant davantage de quartiers et de bâtisses à visiter. Tout comme Le Bâton de la Vérité, des interactions existent avec certains éléments du décor, permettant par exemple de débloquer des passages secrets ou d’ouvrir la voie vers des objets rares et puissants. Le casting de PNJ s’étoffant, les quêtes – principales et secondaires – se multiplient elles aussi, d’un bout à l’autre de la map. Malheureusement, cela engendre encore de trop nombreux allers-retours, que même le système de fast-travel ne parvient à atténuer. Un peu frustrant, d’autant que certains objectifs n’ont parfois que très peu d’intérêt.

Oh, ça c’est mal, m’voyez !

Le loot reste très présent dans L’Annale du Destin, occupant une nouvelle fois une bonne partie de la progression du joueur. Plus encore que dans le premier volet, la collecte d’objets donne lieu à de nombreuses quêtes annexes et contribue aussi à la complétion d’objectifs secondaires, qui octroient de l’expérience au Nouveau. Faire les poubelles, utiliser les toilettes, ramasser tant d’œuvres de yaoi (!)… La moindre action est un pas de plus vers le niveau suivant, donnant ainsi un sentiment de progression permanent. Gratifiant sur le moment certes, mais cela ne veut pas dire pour autant que ce ramassage intensif d’ustensiles – souvent destinés à la revente ou là juste pour le LOL – se révèle passionnant… Loin de là même. Et sur une carte bien plus grande, on finit par ressentir un effet de dispersion assez prégnant. Un peu vide de sens, aussi.


Les combats sont bien entendu toujours de la partie, pendant les quêtes mais aussi parfois durant nos promenades dans le bourg de South Park. Cet aspect du jeu est celui qui a fait l’objet des plus grands changements, par rapport au Bâton de la Vérité. Finies les batailles statiques au tour par tour, place à des joutes sauce tactical ! Désormais, nos héros – jusqu’à 4, et non plus 2 – se déplacent sur une grille, avec toutes les petites subtilités que les déplacements case par case impliquent : encerclement et repoussement, gestion de la distance, etc. Très vite, le potentiel tactique de ce nouveau système se fait jour et se révèle au gré de l’avancée, à mesure que le nombre et la taille des adversaires augmentent et que le terrain de jeu s’agrandit. Plutôt bien vu, d’autant que L’Annale du Destin propose in fine une variété assez importante de situations. Du moins, si l’on ne tient pas compte de « pattern » parfois trop évidents. Exit aussi le mana, les combats accueillent désormais une attaque ultime (une différente par perso) que l’on peut déclencher au bout d’un certain temps, après avoir suffisamment attaqué et encaissé.

En revanche, cette suite est loin d’avoir réglé les évidents problèmes de clarté de son aîné, en particulier lorsqu’il s’agit d’énoncer, d’expliquer ses systèmes au joueur. Ainsi, à moins d’être rompu aux RPG-tactiques, il n’est pas rare de naviguer à vue en plein combat, notamment lorsque l’on se confronte la première fois à une situation que l’on n’avait pas encore rencontrée jusqu’ici (les attaques concentrées de zone, par exemple). On peut aussi citer la lecture approximative, par instant, du placement des unités sur le terrain. Sans oublier la police très réduite dans la description des capacités des héros, en bas à gauche de l’écran, jusque même dans les menus. Toujours un peu frustrant.

Contrairement au Bâton de la Vérité, on ne booste plus ici directement les capacités du Nouveau en dépensant des points de compétence. Et il n’est plus possible non plus d’améliorer ses caractéristiques en patchant l’équipement… parce qu’il n’y a plus vraiment d’équipement à proprement parler (armes, armures et tutti quanti). Non, désormais, les compétences et les stats n’évoluent que par le biais d’artefacts, dont les bonus affectent cette fois toute notre équipe de héros en même temps et plus seulement le Nouveau. Au fur et à mesure que l’on monte en niveau, des emplacements d’artefacts se débloquent et c’est ainsi que l’on renforce toute notre équipe, même si chaque membre conserve ses spécificités. C’est alors au joueur de voir ce qu’il souhaite privilégier entre la récupération progressive de PV, la vitesse de chargement d’Ultime, la force de repoussement… Bref, il y a encore largement moyen de customiser sa troupe de guerriers à son goût. Cela dit, il est dommage de constater que les costumes – pourtant nombreux – n’ont plus qu’un intérêt cosmétique ici. Surtout, ne plus avoir à changer d’équipement peine à prendre la réelle mesure de la progression, d’autant que le joueur semble avoir bien moins de prise sur certains éléments (en particulier, les altérations d’état). On peine alors à comprendre ces bouleversements qui, sans être médiocres, font tout de même regretter l’ancienne formule, efficace et pour le coup, elle, réellement gratifiante.

A en perdre la voix

Du côté de la technique, on se félicite surtout de voir le jeu nettoyé des saccades de son aîné. S’il y a bien encore deux, trois temps de chargement un peu trop longuets, une amélioration est également à noter ici. Visuellement, le style South Park est une nouvelle fois parfaitement retranscrit à l’écran et aussi formidablement mis en mouvement. Surfant sur la thématique « super-héros » de son sujet, L’Annale du Destin s’autorise même quelques artifices cosmétiques de circonstance, sympatoches sans pour autant atteindre la maîtrise et l’harmonie visuelle d’un Persona 5. Le jeu n’en conserve pas moins un certain souci du détail, avec des clins d’œil en très grand nombre à dénicher à chaque coin de l’écran. Un petit bémol tout de même sur certaines textures bien baveuses, heureusement souvent cantonnées aux arrière-plans.


Enfin, un mot sur la bande-son et plus particulièrement les doublages, au centre des débats depuis maintenant quelques semaines. Et non – Ubisoft l’a récemment confirmé – L’Annale du Destin ne comporte pas les voix françaises de la série animée. Mais il y a bien une VF (si, si), que l’on s’est quand même attaché à écouter… sans tenir au-delà des cinq minutes ! Si des efforts de ressemblance ont effectivement été consentis sur certains personnages (Cartman, et encore…), bon nombre de doublages passent malheureusement à côté de leur sujet, atténuant très largement le comique de certaines répliques. On ne saurait donc trop conseiller de repasser direct en VO, pour être dans le ton de l’aventure. Bien tenté Ubi, mais rien n’y fait. On peut quand même s’interroger sur la communication de l’éditeur français qui avait annoncé il y a un an, sûr de son fait, la présence des voix françaises originales dans le jeu, sans s’en être lui-même assuré contractuellement… Simple maladresse ou manipulation marketing (précommandes) ? A chacun de juger.

Notre verdict

On aime

  • L’humour, dévastateur
  • Le fan service qui dégouline de partout
  • Les combats plus tactiques
  • La générosité globale de cette suite
  • Le Bâton de la Vérité offert dans la plupart des éditions

On n'aime pas

  • Trop de loot et d’objectifs sans intérêt
  • La progression trop dispersée
  • Toujours ces problèmes de clarté et de lisibilité
  • La VF

South Park : L’Annale du Destin remplit aisément son contrat de suite « ++ », en proposant une aventure plus riche encore, généreuse dans son contenu ludique, mais aussi en matière d’humour et de fan-service. On n’en n’attendait pas moins, c’est vrai, après un premier volet salué à juste titre par la critique. Si la prise de risque est minimale, certains choix déconcertent. La surenchère de loot et d’objectifs très, très secondaires expriment une progression constante du joueur, mais sans jamais rendre celle-ci tout à fait palpable. L’entreprise laisse plutôt le sentiment de se démener pour, au final, peu de résultats. Dans le même temps, la personnalisation semble avoir été allégée, facilitée, globalisée à l’ensemble des héros, sans que ce changement ne se justifie réellement. Heureusement, le virage a été mieux négocié au niveau des combats, devenus plus tactiques et profonds que par le passé. On regrette seulement que les problèmes de clarté et de lisibilité du premier volet n’aient pas été complètement gommés, sur cet aspect-là du jeu. Ah oui, et un dernier conseil : oubliez la VF !

Note finale : 7 / 10
Les commentaires
Le
Trop hâte de m'y remettre !

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