Test Wolfenstein II : The New Colossus

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PS4

Prey, Dishonored : La Mort de l’Outsider, The Evil Within 2 et maintenant Wolfenstein II : The New Colossus avant Skyrim VR et Doom VFR, décidément l’éditeur Bethesda Softworks est en très grande forme cette année et montre, preuves à l’appui, qu’il faut compter sur l’américain plus que sur d’autres figures historiques en perte de vitesse. Trois années après la sortie de son Wolfenstein : The New Order, l’agent William « B.J. » Blazkowicz reprend les armes pour éradiquer la menace nazie une bonne fois pour toutes. Je suis prêt à me battre.

New York, 1961

Pour les joueurs chevronnés qui terminent des dizaines de jeux vidéo par an, trois longues années peuvent paraître une éternité et certains détails risquent d’être sortis de leur mémoire entre les milliers de jours qui séparent un jeu de sa suite. C’est la raison pour laquelle Wolfenstein II : The New Colossus démarre par un résumé vidéo de l'épisode précédent. Il faut dire aussi que le spin-off The Old Blood sorti en 2015 avec ses zombies putrides a pu brouiller les souvenirs des gamers. On redécouvre alors brièvement les événements qui amenèrent notre soldat d'élite à bord du plus grand sous-marin du monde pour traquer « Le Boucher » (le méchant de The New Order) et le combat épique l'ayant laissé sur le carreau les entrailles à l'air. Durant sa longue convalescence, le spectateur aura le loisir de visionner quelques flash-backs interactifs de l'enfance traumatisante de Blazkowicz. C'est que ce petit a été élevé à la dure par un père violent, aussi mauvais en affaires qu'en éducation. Cette suite directe du premier opus reprend exactement là où s'est achevé le titre de 2014 sans pour autant conserver l'historique de notre sauvegarde. Ainsi, une décision délicate entre deux futures victimes du boucher devra être reprise par le joueur, ce qui aura de légères conséquences sur la suite du scénario. Une démarche appréciable pour les nouveaux venus où ceux qui étaient encore sur PlayStation 3 à l'époque.


A son réveil, « Blazko le barjo » ne sera plus aussi fringuant : infirme, balafré, broyé, barbu, il se déplace désormais en fauteuil roulant dans les coursives du sous-marin de nouveau pris d’assaut par les troupes d’Irène Engel. Qu’à cela ne tienne, une mitrailleuse sur les genoux notre bidasse est toujours apte au combat ! Cette entrée en matière déjà explosive et dynamique donne la tendance des heures suivantes : The New Colossus est un FPS bourrin, old school, jouissif, qui ne fera qu'à de (très) rares exceptions dans la dentelle. En fait, c'est au joueur de choisir son approche en sachant que le niveau de difficulté sélectionné en début de partie parmi six ajustements possibles (et un septième à débloquer) conditionne fortement sa propension à foncer tête baissée ou à regarder dans les coins. Au rayon discrétion on retrouve quelques réflexes du premier volet : se baisser, incliner la caméra, utiliser une arme de jet silencieuse (ici des hachettes) et des attaques au corps-à-corps pour éviter d'attirer l'attention des commandants qui sonnent l'alarme au moindre doute, appelant ainsi des renforts lourdement armés. Au rayon épuration on se réjouit de prendre une arme dans chaque main (vive l'ambidextrie), de jeter des grenades, de tirer sur les bonbonnes explosives ou les extincteurs et d'arracher les tourelles fixes pour littéralement faire fondre l'ennemi avec une arme électrique expérimentale qui dissout le métal et accessoirement la chair humaine.

L’uchronie de l’action – nous sommes en 1961 dans un monde où le IIIᵉ Reich a gagné la Seconde Guerre Mondiale – libère la créativité des développeurs en matière de pétoires. Mitraillettes puissantes, flingues à balles explosives, fusils à pompe automatiques, lance-grenades déclenchables à distance, armes lourdes… Leur design est inspiré et leurs effets dévastateurs sur les ennemis. Le jeu est gore, les corps se déchirent comme des piñatas sous l’effet des déflagrations et les démembrements sont monnaie courante lors des attaques au corps-à-corps. La dureté de cette violence graphique est contrebalancée par une narration plus légère, avec un scénario de série Z et des têtes d’affiche caricaturales. La relation conflictuelle entre Irène et sa fille obèse, l’exosquelette qui fait remarcher notre héros, les méchants en armure, les cyborgs et les chiens robotisés sont de bons exemples du côté Grindhouse qui règne sur cette production. Un léger fumet du duo Rodriguez / Tarantino plane ici, en dépit des réflexions personnelles de notre avatar sur sa décrépitude qui plombent un peu l’ambiance « joyeux bordel » du titre.

Escape From Eva

Le système d'atouts hérité de The New Order est encore de mise ici. En fonction de certaines actions basiques, naturelles, limite inconscientes sur le terrain, on déverrouille de nouveaux avantages dans trois typologies de gameplay : la furtivité, le chaos et la tactique. Par exemple enchaîner les morts silencieuses rendra nos déplacements moins bruyants, multiplier les headshots augmentera la capacité de notre chargeur et utiliser les éléments du décor pour tuer boostera les dégâts de certaines armes. Contenance des chargeurs, augmentation des dégâts et plus grande capacité de munitions sont les pierres angulaires de cette progression silencieuse. L'apport de l'expérience est indolore, sans points à répartir ni choix cornéliens à faire. Il suffit juste de jouer à sa façon (en forçant parfois sur certains réflexes) pour progresser dans un secteur. Intuitif et gratifiant.

Un système d'amélioration d'armes est néanmoins présent sous la forme de kits secrets à trouver dans les décors. Comme dans le reboot de Doom, placer ces pièces sur ses armes leur donne jusqu'à trois nouvelles fonctions à activer ou non en appuyant sur les directions gauche / droite de la croix directionnelle. Et comme on peut tenir une arme dans chaque main, varier le genre d'armes / de munitions en fonction des ennemis du moment est la clé de la survie sur le terrain. Le jeu est assez difficile alors préparation, anticipation et sauvegardes manuelles régulières éviteront de retourner trop rapidement au dernier checkpoint (les temps de chargement sont heureusement assez rapides). L'intelligence artificielle est à la hauteur de ce qu'on est en droit d'attendre de « la race supérieure ». Les soldats battent en retraite s'ils sentent le vent tourner, se planquent derrière des protections, lancent des grenades pour vous déloger et foncent sur votre position quand ils ont reçu des renforts. Leurs tirs font mouche et représentent une menace réelle même dans le mode de difficulté par défaut.

Pour ce qui est de la vie et des protections, des trousses de soin et des pièces d'armure jonchent le sol et la gourmandise autorise une surcharge temporaire de la santé qui décroît ensuite progressivement. La chasse aux œufs de Pâques est ouverte et le jeu regorge de secrets en tous genres (illustrations, cartes, jouets), de documents (150 dans le jeu), de kits d'amélioration et de petits détails amusants comme cette vieille borne d'arcade de Wolfenstein 3D. Par contre, devoir constamment appuyer sur le bouton Carré pour récupérer le moindre objet au sol est pénible à la longue, surtout dans le feu de l'action lorsqu'on se jette sur des munitions ou des vivres qui peuvent nous éloigner d'un game over. Dans la plupart des jeux du genre il suffit de marcher dessus pour les acquérir alors qu'ici les ramasser relève de notre volonté propre. Un défaut qui fut déjà souligné dans les précédents jeux MachineGames.

Un plaisir pour les yeux et les oreilles

Après avoir repoussée les vilains de son quartier général « Le Marteau d'Eva », la résistance arpentera les eaux américaines pour libérer progressivement le pays. Entre deux assauts il est possible et même recommandé de visiter les quartiers du sous-marin pour dialoguer avec les troupes, dénicher des collectors, s'amuser sur le stand de tir ou prendre part à des missions secondaires revisitant les niveaux déjà achevés. Une activité annexe pas si accessoire que ça et qui dopera en plus une durée de vie assurant déjà une grosse dizaine d'heures d'action. Ce pur divertissement, uniquement solo, pourra également être prolongé grâce à trois campagnes additionnelles payantes via un season pass. Intitulé Freedom Chronicles, ce pack de DLC rajoute trois héros et trois destinations inédites (Chicago, l'Alaska et la Californie de San Andreas) qu'on aurait aimé avoir directement dans le jeu. Le contenu de base nous fera déjà voir pas mal de villes dont la fameuse Roswell au Nouveau-Mexique, les boulevards festifs de la Nouvelle-Orléans occupée ou encore un quartier de Manhattan détruit par un bombardement nucléaire tout droit sorti d'un volet de Fallout. Le dépaysement est garanti avec des décors tantôt déprimants, tantôt industriels, tantôt urbains et arborant pas mal de zones ouvertes contenant des chemins alternatifs pour varier ses approches.


Surtout, l'id Tech 6 fait encore une fois des merveilles avec ses textures hyper-crédibles, ses effets spectaculaires et réalistes à souhait comme la représentation de l'eau, des flammes et des ombrages en temps réel. Le moteur déjà mis à l'épreuve dans Doom affiche une animation en 60 images par seconde sans broncher avec une résolution de 1440p sur PlayStation 4 Pro. Un régal pour les yeux, sans la moindre trace d'aliasing ou de défaut visuel notable. Une vitrine technologique au service d'une immersion totale à qui il ne manque que le HDR pour devenir un étalon de mesure. La partie sonore est tout aussi soignée avec ses doublages français de qualité professionnelle - Patrick Poivey (la voix de Bruce Willis) officie dans le rôle-titre -, des musiques prenantes omniprésentes et des bruitages (explosions, tirs) qui font grimper le taux d'adrénaline dans le sang. Le spectacle est assuré même si au bout du compte il manque encore de scènes inoubliables et d'affrontements mémorables pour devenir totalement culte.

Notre verdict

On aime

  • De l’action puissante et jouissive
  • Une réalisation excellente
  • Des armes évolutives
  • Les atouts débloqués en douceur
  • Les décors superbes et variés
  • Plusieurs approches possibles
  • L’histoire et ses personnages

On n'aime pas

  • Presser Carré pour récupérer des items
  • Les campagnes supplémentaires en DLC
  • Le manque de moments cultes

Suite directe du déjà très bon Wolfenstein : The New Order, The New Colossus récupère le moteur du reboot de Doom et quelques-unes de ses bonnes idées au passage – notamment le système d'armes améliorables – pour accoucher sans douleur d'un FPS d'excellente facture. Magnifique, fluide et extrêmement dynamique, la lutte contre les nazis est jouissive, violente et inventive quand il s'agit de pulvériser des soldats par paquet. Le jeu de MachineGames est une réussite indéniable à laquelle il ne manque que quelques scènes inoubliables par leur audace et des affrontements mémorables d'envergure pour devenir une œuvre totalement culte. On est à une phalange d'un chef d’œuvre total alors ne passez pas à côté du meilleur shoot de l'année !

Note finale : 8.5 / 10
Les commentaires
Le
Impressionnant le test, tu donnes clairement envie !
Le
Mauvaise idée de sortir le même jour que AC et Mario... Il sera vite en promo du coup :D
Le
Leolio a écrit : sam. 28 oct. 2017 05:46 Mauvaise idée de sortir le même jour que AC et Mario... Il sera vite en promo du coup :D
Mais grave !
Le
C'est pas la meme cible.
Le
Peut-être pas la même cible, mais l'espace médiatique (pub, test...) est bien occupé par les 2 mastodontes.
Le
Yep, on a tous en memoire la fin d'annee 2016 et toutes ces sorties pendant la meme periode. Ca a tué des licences (comme titanfall qui n'a pas eu le succes qu'il meritait)

En plus, Bethesda n'a pas le droit de se planter sur les plannings des sorties si ils veulent redresser la barque.

Perso, je le prend apres assassins creed, j'avais adoré les deux premier

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