Test The Council

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PS4

Avec The Council dont le premier épisode sort ce mardi 13 mars sur PlayStation 4, Xbox One et PC, le studio français Big Bad Wolf entend bien révolutionner le jeu d'aventure narratif en intégrant des mécaniques jusqu'ici inédites dans le genre. Porté par un contexte historique crédible et des personnages ayant vraiment existé, ce jeu pourrait bien être la bonne surprise à laquelle personne ne s'attendait. En attendant de connaître le fin mot de cette histoire passionnante, ce premier épisode nous a fait forte impression.

Black & Mortimer

Le premier épisode The Mad Ones démarre mal pour Louis de Richet et sa mère Sarah puisqu'on les retrouve le 10 décembre 1792 ficelés à une chaise, dos à dos comme les docteurs Jones père et fils dans La Dernière Croisade. Ceux-ci sont pris en otage par un vilain qui veut leur extirper des renseignements ainsi que, tant qu'à faire, une partie de leur fortune. Il faut dire qu'être les membres fondateurs de l'Ordre Dorée, une société secrète très influente, a de quoi attirer les convoitises. Ce prologue servant de tutoriel n'est qu'une mise en bouche par rapport aux vrais enjeux de ce jeu d'aventure narratif d'un nouveau genre. La véritable histoire prend place en janvier 1793 sur petite île isolée au large de l'Angleterre sur laquelle nous a conviés le mystérieux Lord Mortimer. A la base c'était la matriarche l'invitée privilégiée mais cette dernière a disparu sur l'île voilà quelques jours, et le rejeton est surtout sur place pour la retrouver. D'autres convives puissants sont conviés à cette sauterie top secrète dont des personnages historiques célèbres tels que Napoléon Bonaparte ou le premier président des États-Unis George Washington. Le fait d'intégrer à une narration probablement fictive des figures historiques donne un cachet indéniable à cette production, un peu comme la relecture de l'Histoire des romans de Dan Brown. La frontière entre réalité historique et fiction est troublée et, en bons français, on prend plaisir à retrouver Napoléon et son accent à couper au couteau. Les doublages anglais sous-titrés français sont parfaits, même si Louis et sa mère pourraient parler dans leur langue natale par moment, surtout lors du prologue se déroulant à Paris.

A première vue The Council se rapproche d'un jeu d'aventure narratif classique, à l’image de l’inoubliable Life is Strange des compatriotes de DontNod qui a su marquer le genre. Dialogues à rallonge, choix moraux, roue de sélection de réponses, décisions cruciales, tous les poncifs du genre répondent à l'appel pour valider le cahier des charges. Seulement voilà, ces éléments ne sont que la partie visible de l'iceberg puisque le gameplay cache en réalité une profondeur insoupçonnée. En effet, le jeu nous demande rapidement de choisir pour Louis une classe correspondant à trois affinités différentes. Nous pouvons en faire un diplomate adepte de la politique, de l'étiquette, de la conviction et de la diversion ou bien un occultiste maître dans la manipulation, les sciences et les subterfuges ou encore un fin détective rodé aux interrogatoires, à la logique et à la psychologie humaine. A l'instar d'un jeu de rôle, opter pour un type de personnalité aura un impact immédiat sur la suite du jeu, que ce soit sur les lignes de dialogues proposées (des réponses grisées ou non), les opportunités in-game (selon les événements) et sur l'exploration, crocheter une serrure par exemple n'étant pas à la portée de tous. Au total 15 compétences sont à acquérir en dépensant des points gagnés à la fin de chaque chapitre selon des critères de réussite. Sur le papier toutes les compétences peuvent s'acquérir, même celles ne correspondant pas à notre classe, mais ces dernières seront plus difficilement assimilables que les autres en lien avec notre personnalité. Mine de rien ce système plus proche d'un Sherlock Holmes que d'un jeu Telltale décuple la rejouabilité du titre et les trois slots de sauvegardes sont autant d'invitation à refaire le jeu avec un autre comportement pour voir comment l'histoire se modifie.

Richet célèbre

En complément de ses talents, notre fils à sa maman déverrouille également de nouveaux traits de caractère en fonction de son attitude face aux événements. Prendre part à un conflit ou l’éviter lâchement développera l'une des 44 inclinaisons (positives ou non) avec à la clé des bonus ou des malus pour la suite, notamment dans la gestion des points d'effort. Visibles en bas à gauche de l'écran, cette jauge de « possibilités » permet d'utiliser vos compétences pour résoudre des puzzles plus facilement, débloquer des réponses percutantes ou remporter vos confrontations, sortes de joutes verbales avec un opposant, déterminantes pour la suite de votre relation avec lui. En analysant les autres invités, leurs habitudes, leurs apparences, leurs lectures (…) Louis sera en mesure de déterminer leur immunité à certains sujets et leur vulnérabilité à d'autres comme le ferait un mentaliste bien préparé. Si vous voulez prendre l'ascendant psychologique sur votre interlocuteur (et le manipuler !), vous devrez le connaître et donc l'épier pour percer ses secrets. Fouiller partout est aisé puisque les éléments interactifs sont marqués d'une faible lumière bleue pour les repérer au milieu des décors et on tombe parfois sur des lectures intéressantes, également à valider entre deux chapitres pour en extraire la plus-value. Fouiner permet aussi de glaner des consommables pour aider (grandement) dans notre quête du savoir : la croix de Malte permet de voir les immunités et vulnérabilités de notre interlocuteur, la gelée royale recharge deux points d'effort, l'eau de mélisse rend gratuite la prochaine utilisation de compétence et l'élixir d'or guérit des altérations négatives. Bien sûr, pour que le gameplay conserve de l'intérêt l'utilisation des aides est limitée et pénalisante si on en abuse (disparition de la jauge de temps par exemple). Une béquille de temps en temps oui, mais attention à l'overdose.


En lorgnant à la fois du côté des jeux de rôle et de celui d'enquêtes policières, cette aventure narrative est d'une richesse inégalée pour le genre. Il y a tellement d'objets à collectionner, de compétences à développer, de talents à expérimenter que chaque partie paraît unique. C'est aussi la force de ce titre, ne pas nous confronter à un game over lors d'un échec mais poursuivre sa narration en tenant compte de nos défaillances pour courber l'histoire. Un récapitulatif en fin de chapitre met en évidence nos actions réussies, celles ratées et les alternatives qu'on aurait pu prendre pour une éventuelle prochaine partie. Ainsi la fin de cet épisode 1 prend une tournure radicalement différente selon le personnage avec lequel on passera notre soirée. Pour une fois on a le sentiment que nos choix, nos actions ont des conséquences irréversibles sur nous-même, sur les autres, et sur le scénario. Un peu ce que les productions Telltale nous promettaient sans jamais aboutir à des bifurcations radicales. Il nous tarde donc d'entamer le second épisode sur les cinq que comptera la saison pour évaluer réellement l'impact de nos choix sur le récit. En attendant nous sommes déjà bien emballés par la narration de haut vol, l'intrigue complotiste digne de Cluedo, les convives tous plus suspects les uns que les autres et l'ampleur du menu recelant un inventaire, un journal, les cartes des lieux, les fiches des personnages, les talents et les différents traits de caractère de notre héros.

Le prologue et ses quatre chapitres combinés, l'épisode dure environ 2h30 ce qui devrait assurer largement la dizaine d'heures réglementaires pour l'objet complet à un prix raisonnable de 29,99€. Et histoire de vous motiver à prendre directement la saison complète et non à l'épisode, les possesseurs du season pass auront accès aux prochains chapitres deux jours avant le commun des mortels. Un petit privilège dont il faut profiter. A ce tarif la réalisation est plutôt solide avec des modélisations de personnages et des décors très convenables (notamment les tableaux et sculptures), en dépit de temps de chargement réguliers, d'expressions faciales un poil rigides, de quelques bugs d'affichages et d'un aliasing poussant au scintillement de certaines parois. Rien de bien méchant dans l'ensemble et puis ces quelques défauts cosmétiques sont de toute façon contrebalancés par des musiques de qualité, totalement dans l'époque, qui donnent envie de ressortir le clavecin de la cave.

Notre verdict

On aime

  • L’histoire prometteuse
  • La présence de visages connus
  • L’acquisition de compétences
  • Les interrogatoires virent à la confrontation
  • Les choix et leurs conséquences radicales
  • La replay value
  • La bonne réalisation

On n'aime pas

  • Devoir attendre la suite
  • Aucun doublage français, même à Paris
  • Des chargements à chaque escalier
  • Des transitions parfois visibles

Disponible trois mois à peine après son annonce, le premier épisode de The Council n'a pas eu le temps de se faire attendre. La surprise n'en est que meilleure puisque sous ses airs de jeu d'aventure narratif standardisé comme une production Telltale Games se cache en réalité un système de personnalisation pointu qui réjouira les amateurs de jeux d'enquêtes à la Sherlock Holmes. L'histoire évolue selon nos décisions qui découlent de notre capacité à analyser / manipuler nos interlocuteurs, elle-même déduite de notre personnalité choisie en début de partie. L'impression de façonner sa propre histoire malgré ses échecs est réjouissante et donne envie de poursuivre la narration, ce qui est de bon augure pour les prochains épisodes.

Note finale : 8 / 10
Les commentaires
Le
Wow le test donne bien envie!
Le
Excellent, je surveille ça !
Le
J'ai accroché. :)
Le
Pouet a écrit : mar. 13 mars 2018 10:03 Wow le test donne bien envie!
C'est ce que je me suis dit aussi. :P
Le
Merci pour l'info!
Le
T'as fait les autres épisodes Vincent ? Tu aimes toujours autant ?

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