Si son modèle de distribution par épisode n’avait pas forcément convaincu, le retour de la série Hitman en 2016 s’était tout de même montré particulièrement séduisant grâce à son gameplay d’une richesse incroyable qui permettait d’aborder chaque contrat de mille et une manières. Deux ans et un changement d’éditeur plus tard, Square Enix ayant cédé sa place à Warner Bros Interactive Entertainment, l’Agent 47 est aujourd’hui de retour pour une nouvelle saison composée de six épisodes inédits tous accessibles dès le lancement. Io Interactive en a évidemment profité pour peaufiner et enrichir encore sa formule, mais les nouveautés sont-elles suffisamment nombreuses pour vous faire à nouveau craquer ? Réponse dans notre test complet.

Il n’est pas certain que ceux qui avaient passé de longues heures sur le précédent opus se souviennent encore de sa trame scénaristique timidement soutenue par de courtes cut-scenes : sans trop en dire, rappelons simplement que 47 et son agent de liaison Diana s’étaient fait manipuler par un mystérieux commanditaire visant une organisation secrète, cette dernière ayant au passage infiltré l’ICA (International Contract Agency) pour laquelle travaille notre tandem. Le nettoyage ayant été effectué à la fin de l’aventure de 2016, les rôles sont désormais inversés et voilà notre tueur à gages lancé à la poursuite de son ancien client qui, en outre, connaît 47 depuis fort longtemps. Nous vous laissons évidemment le soin de découvrir la suite par vous-même : la narration ne s’est pas franchement améliorée, allant jusqu’à remplacer les cinématiques 3D par des jeux de plans fixes en 2D, mais on accueille avec plaisir les quelques révélations sur le passé du mythique héros de la série ! Précisons au passage qu’il faudra une fois de plus se contenter de voix anglaises avec sous-titres en français.

Une recette connue

Autant être direct, les joueurs ayant retourné l’épisode précédent dans tous les sens seront immédiatement en terrain connu lorsqu’ils attaqueront cette suite : certes 47 poursuit son voyage à travers le monde (Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, Inde, Atlantique Nord, Autriche), découvre de nouveaux terrains de jeu (une plage, un circuit de course automobile, une petite bourgade, une base bien gardée…) intelligemment construits, et enchaîne les cibles inédites, mais le cœur du gameplay ainsi que la prestation technique n’ont que timidement évolué.

On retrouve donc le système des costumes qui permettent à notre agent de s’infiltrer dans des zones à accès restreint, les objets divers et variés servant à activer ou à piéger un mécanisme, à empoisonner, endormir ou même tuer une cible, et les multiples armes létales plus directes mais bien moins discrètes. La préparation minutieuse de chaque assassinat est toujours d’actualité, et il reste recommandé de fouiner un peu partout pour récolter un maximum de renseignements et d’accessoires, et ainsi trouver le meilleur moyen de remplir sa mission. Le système d’aide auparavant appelé Opportunités est ici de retour sous le nom d’Intrigues, le mécanisme restant par ailleurs inchangé : activez le mini-scénario en surprenant une conversation ou en trouvant un document particulier, puis suivez les étapes pour remplir votre contrat. On en profite pour rappeler que le recours systématique à ces aides ne vous permettra de découvrir qu’une fraction des possibilités offertes par le jeu, toute la saveur de la série résidant dans la mise au point de votre propre plan avec les moyens du bord.

Comme dans le précédent opus, vos actions vous permettront de remporter des points d’expérience qui feront monter votre niveau de maîtrise du niveau en cours, débloquant au passage de nouveaux costumes, points d’entrée et objets de contrebande à dissimuler dans les différentes caches de l’ICA. Il sera donc indispensable de rejouer chaque mission plusieurs fois pour élargir vos options quant à la réalisation de vos contrats, ce qui vous permettra par la même occasion d’améliorer votre score et de grimper au classement mondial. Précisons tout de même que Io Interactive persiste à distinguer la progression en ligne et hors ligne, avec de sérieuses limitations pour les joueurs déconnectés qui ne pourront pas profiter du système de montée de niveau…

Quelques améliorations notables

Si les bases du gameplay de ce Hitman 2 sont identiques à celles de son prédécesseur, Io Interactive ne s’est pas pour autant tourné les pouces pendant deux ans. Le studio a inclus quelques sympathiques nouveautés comme par exemple une mini-map retravaillée pour plus de clarté, la gestion des surfaces réfléchissantes qui peuvent trahir votre présence lorsque vous approchez une cible par derrière, la présence d’une grille matérialisant le champ de vision d’une caméra lorsque l’instinct de 47 est activé, la possibilité de se camoufler dans la végétation ou la foule, ou encore l’utilisation de vignettes vidéo vous alertant sur certains évènements importants comme la découverte d’un corps.

De nouveaux accessoires font aussi leur apparition comme les grenades explosives ou aveuglantes, les tasers de proximité ou encore les brouilleurs. Mais ce qui intéressera au plus haut point les fans de la série, c’est le retour de la mallette du célèbre tueur qui ne servira plus seulement à cacher son fusil de précision : vous pouvez désormais y ranger d’autres armes et objets, et même l’utiliser comme arme de corps-à-corps ou la lancer sur une cible pour l’assommer !

Côté technique les développeurs nous annoncent une intelligence artificielle améliorée et une gestion de la lumière plus pointue, mais force est de reconnaître que les différences ne sont pas flagrantes de prime abord : les PNJ ont parfois des réactions surprenantes, en particulier lors des fusillades (que l’on cherche de toute façon à éviter), et le rendu global du jeu semble assez similaire à celui du premier opus.

Du contenu supplémentaire

En plus de ses six missions qui vous occuperont déjà de longues heures si vous souhaitez en découvrir toutes les possibilités, Hitman 2 reconduit le système de contrats personnalisés à partager sur la toile. Il s’enrichira en outre régulièrement de contrats Escalade (à terminer cinq fois de suite avec des contraintes de plus en plus fortes) et de Cibles Fugitives (jouables une seule fois) dont la première, en ligne depuis hier, vous propose d’éliminer l’un de vos concurrents incarné par l’acteur Sean Bean.

Mais s’il s’était contenté de tout cela, le jeu n’aurait sans doute pu éviter le syndrome bien connu de la suite « 1.5 ». C’est sans doute ce qui explique la présence des modes inédits Sniper Assassin et Fantôme qui proposent chacun une vision différente du multijoueurs.

Axé sur la coopération bien que jouable en solo, le mode Sniper Assassin permet à deux joueurs de faire équipe pour éliminer trois cibles et leurs gardes du corps. La mission se déroulant exclusivement au fusil de précision, avec toutefois différents types de munitions, aucun déplacement n’est possible et l’habituelle observation des lieux doit donc se faire à distance grâce à la lunette de visée. La planification est une fois de plus primordiale puisque, une fois le premier coup de feu tiré, toutes vos cibles seront en alerte et chercheront à s’échapper. Plutôt convaincant, ce mode de jeu souffre toutefois de ne disposer que d’une unique mission : on espère que de futurs DLC viendront quelque peu l’étoffer !

Le mode Fantôme se veut quant à lui orienté vers la compétition, même si les deux joueurs en présence ne s’affrontent pas directement : chacun évolue dans sa propre instance du niveau sélectionné, et ne peut agir directement sur le monde de son adversaire. Les règles du jeu sont simples : une cible est désignée (la même pour les deux joueurs !), et le but est de l’abattre le plus rapidement possible, sans se faire repérer. Réussir le contrat vous rapporte un point, mais tuer un innocent vous en enlève deux : il faudra donc agir vite, mais avec discernement. Lorsque l’un des joueurs parvient à éliminer sa cible, l’autre a quelques secondes pour faire de même avant qu’une nouvelle victime ne soit désignée. La victoire est remportée lorsque l’un des joueurs parvient à accumuler cinq points. Pour pimenter le tout, des coffres fantômes dont le contenu est partagé entre les deux instances sont disséminés dans le niveau : le premier joueur à utiliser un tel coffre peut donc choisir l’accessoire le plus intéressant, tandis que l’autre devra se contenter des restes. Amusant le temps de quelques parties, ce mode Fantôme manque peut-être un peu de profondeur pour maintenir l’intérêt durant de longues heures.

Pour terminer, sachez que les possesseurs du précédent volet peuvent télécharger gratuitement le Legacy Pack qui leur permettra de profiter de versions remastérisées de ses contrats intégrant toutes les nouveautés offertes par cette suite. Précisons que la progression du premier jeu n’est pas importée, ce qui signifie qu’il faudra à nouveau sévir à Paris, Sapienza ou Hokkaido !