Test Streets of Rage 4

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PS4

Genre quelque peu tombé en désuétude avec l’avènement de la 3D, le beat'em all entrevoit de nouveau la lumière avec la sortie sur consoles et PC de... Streets of Rage 4 ! Développée par une fine équipe de développeurs français (Dotemu et Lizardcube), cette suite d'un titre culte de la génération 16 bits signe là un retour aussi surprenant que fracassant, entre tradition et modernité. Fight !

1991-1994. Quatre années et trois jeux auront suffi à Streets of Rage pour écrire sa légende. Celle d'une série de beat'em all identifiable entre toutes, par son ambiance techno-punk des plus originales et par son fun simple et immédiat, qui renvoyait aux meilleures sensations de l'arcade. Une recette simple et terriblement efficace, qui était malheureusement devenue incompatible avec les nouveaux horizons offerts par la 3D et les consoles 32 bits. Finalement, il aura fallu attendre un quart de siècle (ouch) pour que des fans entre-temps devenus développeurs osent ressusciter ce genre oublié pour donner une suite à son maître étalon.

2020. Revoilà donc Streets of Rage, illustrations HD toutes dehors et logo fièrement flanqué d'un « 4 » sur le torse. Comme ses prédécesseurs, le jeu ne s’embarrasse pas de complexité s'agissant de son histoire. Mr. X n'étant plus de ce monde, ses rejetons (les jumeaux Y) ont naturellement repris le flambeau, menaçant à nouveau la population de Wood Oak City. Dix ans après leur victoire sur le paternel, Axel et Blaze sont donc rappelés pour aller « casser des bouches », avec deux petits nouveaux à leurs côtés (Cherry, la fille d'Adam et Floyd, l'apprenti du Dr. Zan). Les présentations sont faites, il ne reste donc plus qu'à faire parler les poings.

Sacré coup de jeune

Une touche pour frapper, une pour sauter, une pour ramasser les objets (armes, points ou bonus de santé) et une autre dédiée aux coups spéciaux... Bonne nouvelle, la prise en main est restée aussi simple et intuitive qu'avant. Comme par le passé, on progresse en scrolling horizontal dans une douzaine de niveaux qu'il faut nettoyer de la racaille locale, chaque type d'ennemi présentant sa propre palette de pattern. Les personnages jouables présentent eux aussi des caractéristiques et un style de combat qui leur sont propres, peut-être même de manière plus marquée ici (Cherry peut courir et Floyd agripper des ennemis à distance). D'emblée, ça cogne toujours aussi sec, avec des impacts très bien retranscrits, notamment par les vibrations de la manette, et une patate que l'on n'espérait plus dans un jeu d'action 2D. En dépit d'une lourdeur quelque peu surannée dans les déplacements, les combats s'enchaînent à une vitesse folle et le jeu rappelle à quel point la gestion de la « foule » est primordiale dans un beat'em all. Streets of Rage 4 commence alors à dévoiler ses petites subtilités, nouvelles pour la plupart. On peut par exemple user des bords de l'écran ou des parois du décor pour y faire « rebondir » ses adversaires et ainsi multiplier les combos. Aussi, il est désormais possible de s'emparer d'un objet (couteau, barre de fer, etc.) « au vol », ce qui facilite là encore les enchaînements de coups, à courte et à longue distance. A elles seules, ces deux features apportent une profondeur aussi surprenante que bienvenue et qui, surtout, invite plus que jamais au scoring, à la performance. Le joueur est d'ailleurs noté sur sa prestation à la fin de chaque « stage » et les points récoltés durant la partie, via le « score historique », servent à débloquer divers bonus (nouveaux personnages jouables, galeries d'artworks...). Pour espérer aller plus vite, vous pouvez toujours jouer avec un ou plusieurs amis, jusqu'à quatre joueurs, en local comme en ligne. Mais attention, les vagues d'ennemis n'en seront que plus importantes dans la partie !


Streets of Rage 4 surprend aussi par sa relative exigence, de la trempe de ces titres dits « easy to play, hard to master ». Il intègre notamment une notion de risque-récompense : s'ils sont puissants et pratiques pour prolonger un combo, les coups spéciaux (via la touche Triangle) entameront votre jauge de vie si vous vous faites rapidement toucher dans la foulée. Un élément de gameplay qui s'ajoute à un challenge déjà assez relevé, rien qu'en mode de difficulté Normal (autant dire qu'on ne peut plus voir en peinture les « boucliers » du stage 2). Les attaques Etoile, qui sont en quelque sorte les « ultimes » des héros, sont heureusement « gratuites » (mais limitées) et surtout très utiles pour annuler l'attaque à venir d'un boss. Cette suite donne là un sacré coup de jeune au beat'em all, sans jamais rien renier de ses origines. Plus qu'un hommage, elle est une relecture respectueuse et habile d'un genre, d'une licence dont on pensait avoir fait le tour. Seule petite réserve au tableau : on aurait sans doute aimé un peu plus d'audace dans le level design, qui n'a finalement pas tant évolué depuis les années 1990. Mais gare tout de même aux pièges environnementaux (flammes, courts-circuits, entre autres joyeusetés), bien plus nombreux que dans tous nos souvenirs.

Ravalement de façade

Gap générationnel oblige, la refonte concerne aussi la partie visuelle. Pas de surprise au regard des travaux de la team à l’origine de Wonder Boy : The Dragon's Trap, Streets of Rage 4 présente une 2D crayonnée du plus bel effet et tout aussi finement animée. Et soyez assurés qu'en mouvement, c'est autrement plus riche et détaillé qu'un simple jeu Flash. Mention toute particulière aux éclairages dynamiques qui se reflètent très subtilement sur les personnages et certains éléments du décor. Si tous les sprites du jeu sont immédiatement reconnaissables, il faut reconnaître que le redesign général tranche un peu avec l’atmosphère des premiers volets. Plus propre, plus coloré... C'est comme si Streets of Rage avait un peu perdu de son âme techno-punk, de cette ambiance relativement crasseuse, cette folie si singulière qui caractérisent tant les origines de la série. Un menu détail qui n'enlève absolument rien à la qualité du travail abattu par Dotemu et Lizadcube, cela dit.

On ne peut que dresser un constat similaire sur la bande-son, dirigée par le talentueux compositeur Olivier Derivière (les musiques d'A Plague Tale, c'est lui) et son équipe. A l'écoute des nouveaux morceaux, on sent bien qu'il y a eu une grande compréhension du travail original de Yuzo Koshiro, une réelle volonté de capter l'essence de l'électro de l'époque pour livrer ici une OST moderne tout en restant respectueuse de son passé... Et cette promesse est globalement tenue ! Mais face à aux titres emblématiques et toujours aussi accrocheurs des épisodes originaux, les musiques de Streets of Rage 4 souffrent malheureusement de la comparaison, peinant à s'ancrer aussi durablement dans l'esprit. Les très nombreuses collaborations extérieures (Yuzo Koshiro himself, Yoko Shimomura pour ne citer qu'eux), relativement inégales, n'aident pas non plus la bande-son à trouver son propre équilibre, et donc une véritable identité sonore. Tout n'y est pas à jeter, loin de là, mais il faut reconnaître qu'il est très difficile de passer après les deux premiers volets de la saga. Les grincheux/nostalgiques pourront toutefois se rabattre sur le menu Audio qui leur permettra de jouer avec les anciennes musiques s'ils le désirent. Dans le même ordre d'idée, le jeu offre la possibilité d'ajouter divers filtres graphiques « retro ». C'est aussi dans ces petits détails que l'on voit tout l'amour qu'ont mis les développeurs dans l'élaboration de cette suite. Streets of Rage 4 est assurément un jeu « fait par des fans pour les fans » mais qui n'oublie surtout pas d'être en phase avec son temps. Bref, un titre qui tire le meilleur de deux époques éloignées. Propre.

Notre verdict

On aime

  • La dimension scoring, très stimulante
  • Le gameplay accessible mais exigeant
  • La patate retrouvée des combats
  • La réalisation léchée
  • Le challenge proposé
  • Les modes de jeux complets
  • Le retour réussi d'une licence mythique
  • Les clins d'œil à foison

On n'aime pas

  • Les musiques, trop timides voire fades
  • Un level design un brin timoré
  • L'aspect « comic », peut-être trop tranché

Les Français de Dotemu et de Lizardcube sont en train de passer maîtres dans l'art de ressusciter de vieilles licences oubliées. Après l'excellent remake de Wonder Boy III, ils nous pondent un Streets of Rage 4 aussi épatant qu'inespéré. Non contents de satisfaire la nostalgie autour de cette série culte des années 90, ils livrent là un épisode solide, beau et complet, qui s'autorise à approfondir très justement les mécaniques vieillissantes du beat'em all. Manette en main, le résultat est des plus réjouissants, nerveux et même assez technique si on se donne la peine de jouer le jeu du scoring. Les fans les plus hardcore ne se retrouveront peut-être pas tous dans l'identité visuelle et sonore de ce quatrième volet, forcément un peu différente, mais ils auraient sacrément tort de se priver de cette jolie madeleine de Proust, qui nous replonge dans des sensations arcade comme nul autre titre aujourd’hui. Chapeau !

Note finale : 8 / 10
Les commentaires
Le
C’est toi qui est timide voire fade :kaola:
Le
Grave! :o

Fallait mettre l’ost retro dans les options :o :o

Bon test sinon :o

Jeux concernés

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